« Engager de façon définitive » les candidats de la primaire de droite comme de gauche, puis à la présidentielle sur les mesures d’urgence à prendre pour redresser la France : tel est l’objectif que propose 2017, le manifeste de la dernière chance de François Billot de Lochner. Fiscalité, immigration, défense de la vie et de la famille : autant de dispositions que traite cet ouvrage condensé, distribué à près de 40 000 exemplaires à toute la classe politique. Pour objectiver les positions des candidats, ces derniers seront notés, et des campagnes nationales d’information seront mise en œuvre, afin d’éclairer les électeurs, et orienter leurs votes vers les candidats les mieux notés.

 

De la politique migratoire 

France Renaissance. Dans votre septième mesure [1], vous indiquez que réguler l’immigration passera par une révision des accords de Schengen. A l’heure actuelle, où l’Europe fait face à une véritable déferlante migratoire, pensez-vous que supprimer le droit au regroupement familial ou la reconduite des immigrés clandestins à la frontière constituent des réponses effectives à une telle vague ?

 

François Billot de Lochner. La révision des accords de Schengen consiste tout d’abord à les suspendre immédiatement, pour endiguer l’invasion migratoire que vit actuellement l’Europe. Il s’agit, pour la France, de rétablir  les frontières nationales et refuser toute entrée non désirée sur son territoire. Il faut ensuite modifier de fond en comble ces accords désastreux, pour redonner à chaque nation européenne la possibilité d’accueillir les demandeurs selon ses propres règles, et de refouler immédiatement tout clandestin. 

France Renaissance. Vous indiquez dans la même perspective qu’il serait nécessaire de rétablir un droit d’asile plus rigoureux ; la distinction entre protection des populations d’un pays en guerre et droit d’asile politique actuellement au titre du droit européen [2] est-elle insuffisante ? Ou cela résulte-t-il d’une absence d’application de ses principes ? 

 

François Billot de Lochner.  Vous posez une question essentielle. Le droit d’asile est, dans notre pays, particulièrement mal traité, puisque les 70 000 demandes annuelles sont déboutées pour les trois-quarts, alors que les reconductions aux frontières sont inexistantes. Ce qui signifie que n’importe quel clandestin, se fondant sur le droit d’asile tel qu’il est pratiqué en France, a 75% de chances de se faire refuser ce droit, mais presque 100% de chance de rester en France

France Renaissance. Il semble désormais que la liaison immigration / terrorisme ne soit plus réfutable [3]. Pour Alexandre del Valle : « ce que ces nouveaux attentats disent de nous ou de l’Europe, c’est que cette dernière est considérée par beaucoup de pays tiers comme une passoire et une « zone molle », une aire de non-souveraineté et d’impuissance volontaire ouverte à tous les vents et incapable de défendre ses frontières et ses valeurs, identités et règles » [4]. Pensez-vous que rendre à la France sa souveraineté (mesure 1) [5] constituerait une réponse face à l’islamisme radical et ses corolaires [6] ?

 

François Billot de Lochner.  Ce serait au moins un début de réponse…Les élites européennes sont totalement soumises à l’islamisme, alors même qu’elles n’en connaissent à peu près rien. Le rétablissement de la souveraineté nationale permettrait, à tout le moins, de retrouver par rapport à l’Allemagne, qui fait la pluie et le mauvais temps sur ce sujet gravissime, une autonomie salutaire. Que notre grand voisin prenne la décision de se suicider, nous n’y pouvons rien. Qu’il fasse tout pour nous entraîner dans sa mort, nous ne pouvons l’admettre : rétablir la primauté nationale est donc un impératif ! Cela dit, ma mesure n°8, spécifiquement réservée à l’islam, entend permettre de juguler le péril qui nous guette, en s’attaquant frontalement à ce péril majeur.

 

IIème partie. De la défense de la vie 

France Renaissance. Les mesures que vous proposez s’inscrivent très largement dans le sens du respect de la vie. Limitation de l’avortement (mesure n°14) [7], protection de la fin de vie (mesure n°15) [8]: deux sujets délicats, qui font l’objet de beaucoup de précautions sémantiques parmi les candidats à la primaire – à droite notamment. Comment pensez-vous convaincre les candidats de les mettre en vigueur, à l’heure où certaines de ces questions sont susceptibles de déclencher des polémiques supposées dangereuses dans le cadre d’une élection ? 

François Billot de Lochner.   Je ne sais si nous arriverons à convaincre les candidats sur de telles mesures, mais je sais qu’ils seront notés sur chacune d’entre elles, et que ces notes feront l’objet d’une communication nationale : aux candidats de se positionner en conscience, à nous de communiquer en vérité les positions exprimées, aux électeurs de choisir le meilleur d’entre eux ! 

France Renaissance.  Il en va de même pour l’abrogation de la loi Taubira de 2013, que vous proposez dans votre 17ème proposition [9] dans l’objectif de sanctuariser la famille. Alors même que des personnalités politiques supposées originellement hostiles à son passage, assurent aujourd’hui qu’il n’est plus « souhaitable ni possible » d’abroger une telle loi [10], comment envisagez-vous de la faire parvenir à l’oreille des élus potentiels ?

François Billot de Lochner.  Sur un sujet aussi fondamental qu’un changement de civilisation, ou plutôt d’humanité, car li s’agit hélas de cela, la plupart des candidats désertent le champ de bataille…plusieurs mois avant le combat. C’est effrayant, et augure mal de la suite…L’abrogation de la mortifère loi Taubira est une obligation, et ne pose aucun problème technique : puissent les candidats, qui se sont couchés sur un tel sujet, se relever : il y va sans doute du succès de leur élection !

 

France Renaissance. Dans ce registre de la « sanctuarisation de la famille », vous proposez une « libéralisation » de l’avortement l’enseignement, visant à laisser le libre choix aux familles de la scolarité que doivent mener leurs enfants. Quelles sont les mesures concrètes que vous souhaitez mettre en œuvre en ce sens ? Souhaitez-vous en ce sens donner la part belle aux écoles libres ?

 

François Billot de Lochner.  Le droit des parents à choisir l’éducation de leurs enfants est constitutionnel : la possibilité de choisir entre un enseignement public, dont on sait ce qu’il est aujourd’hui, et un enseignement authentiquement libre, doit donc être mise en œuvre dans les meilleurs délais. Concrètement, il s’agit de la mise en place du chèque éducation, qui ne coûte rien à l’Etat, mais offre cette possibilité : cette mesure, pour moi, est fondamentale.

IIIème partie. Fiscalité : une préférence nécessairement nationale ?

France Renaissance. En termes de fiscalité, vous semblez estimer nécessaire de sortir de la zone euro. Pour autant, certains laboratoires d’idées de teneur libérale [11] estiment qu’une sortie de l’euro entraînerait la France dans un indicible chaos (destruction de 6 à 19 % de la richesse nationale à un horizon de dix ans, appauvrissement de 9.000 euros par salarié, suppression de plusieurs centaines de milliers d’emplois dès la première année,…). Que répondez-vous à de telles allégations ?

François Billot de Lochner.  Les calculs réalisées sur ce sujet par un certains nombre d’analystes sont généralement hautement fantaisistes. Ils se fondent sur des présupposés idéologiques, qui imposent que l’on soit favorable à l’euro. Or, la réalité est là : ce que nous constatons, c’est que la mise en place de l’euro a détruit la croissance, développé le chômage, déséquilibré en profondeur le commerce extérieur, permis l’explosion de la dette publique. Nous pouvons, les bras croisés, continuer à regarder se détériorer tous ces indicateurs. Nous pouvons aussi réagir à cette situation désastreuse. Le retour du franc permettrait de remettre en route un outil capital de la régulation économique, à savoir la monnaie nationale. Qu’il y ait quelques turbulences au moment du rétablissement du franc, cela serait normal. Qu’il y ait un cataclysme, plusieurs prix Nobel d’économie ont démontré le contraire. Que le système idéologique actuel de l’euro conduise à une grande crise économique, j’en suis certain.

 

France Renaissance. Réduction du nombre de fonctionnaires (mesure n°3) [12], réduction de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés (- 20% pour les TPE et PME), augmentation de la TVA de 2.5%, suppression de l’ISF (mesure n°4) [13] : de telles mesures peuvent-elles être entendues à large échelle dans la classe politique actuelle (à droite comme à gauche) ?

 

François Billot de Lochner.   Je le crois vraiment. Prenons deux exemples. L’augmentation du taux de TVA que je propose est déjà actée par Fillon et Coppé, deux candidats à la primaire des Républicains. La suppression de l’ISF est désormais proposée par presque tous les candidats de droite. Les esprits évoluent, les discours se transforment : puissent les actes post-électoraux correspondre aux discours pré-électoraux tenus, sans quoi la France mourra, soyons-en sûrs.

 

François Billot de Lochner, 2017, Le Manifeste de la dernière chance, éditions Terra Mare, février 2016.

 

[1] Billot de Lochner, Février 2016, p.39-41.

[2] Rappel de l’eurodéputé Alain Lamassoure, tribune du Figaro, 26/03/16. http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/03/25/31003-20160325ARTFIG00226-exode-migratoire-attentats-lecons-pour-les-europeens.php

[3] Parmi les derniers responsables des attentats terroristes français et belges, certains avaient été contrôlés préalablement aux frontières grecques notamment.

[4] Atlantico, Alexandre del Valle, Ce que les attentats de Bruxelles nous apprennent de l’islam radical et son rapport à l’Europe, 25.03.2016. 

[5] Billot de Lochner, Février 2016, p.15-17.

[6] La mesure n°8 de l’ouvrage de M. Billot de Lochner propose en ce sens de combattre la radicalisation.

[7] Billot de Lochner, Février 2016, p.67-71.

[8] Billot de Lochner, Février 2016, p.71-73.

[9] Billot de Lochner, Février 2016, p.79-81.

[10] Nathalie Kosciusko-Morizet, avait expliqué sur Europe 1 qu’elle n’était « pas du tout d’accord avec cette orientation », jugeant l’abrogation « ni souhaitable ni possible ». Voir   le Monde, 29.11.2014.

[11] Une étude de l’institut Montaigne. Voir Les Echos, 12/12/2011, Le retour au franc provoquerait un séisme économique et social. 

[12] Billot de Lochner, Février 2016, p.23-25.

[13] Billot de Lochner, Février 2016, p.27-9.

aloysia biessy