Avec 65,2 millions d’habitants, la France compte en 2012 près de 5,7 millions d’immigrés –  soit 8,7% de sa population. Comprenant huit immigrés sur dix résidant dans les pôles urbains importants, la population de non autochtones se concentre dans l’ère urbaine de Paris :  38% d’entre eux y habitent  – soit 2,2 millions de personnes.

Aux origines de l’agrégation dans les grandes aires urbaines 

La France a connu plusieurs vagues migratoires : entre les deux guerres, elles étaient surtout issues d’autres pays européens (Italie, Espagne), constituées d’individus réquisitionnés pour la main d’oeuvre industriel. On s’installe principalement dans le Sud-Ouest ou dans les départements industriels (Paris, sa petite couronne, Rhône, Isère, Bouches-du-Rhône).

Après 1945, l’immigration est surtout Nord-Africaine – Algérie et Maghreb. Cette vague d’immigrés a trouvé refuge en Ile-de-France, Lyon, Marseille et Grenoble. « Les immigrés arrivés depuis la fin des années 1960 d’Afrique subsaharienne se sont très majoritairement établis en Ile-de-France », indique le rapporteur de la note.

La population immigrée s’était originellement installée en Ile-de-France en raison de sa ressource en termes d’emplois industriels (près de 40% de l’emploi en Ile-de-France en 1968) ; pour autant, malgré une forte baisse de cette caractéristique (32% en 2012), la population immigrée est restée ancrée dans ces zones – 55% y réside aujourd’hui. Attachement à une communauté de même identité, prix d’un logement « attractif » : telles seraient les causes de cette agrégation.

 

Concentration territoriale de la population immigrée 

Le lieu d’installation de la population immigrée varierait donc selon l’origine du nouvel arrivant. Ce dernier s’arrime de manière inégale sur le territoire et ne trouve que très peu souvent refuge dans les zones peu densément peuplées. Ce sont près de six immigrés sur dix qui vivent dans les communes « densément peuplées », contre trois non-immigrés sur dix. Villes-centres ou villes de banlieues, ces espaces comptent des ensembles urbains construits durant les années 1960 jusqu’aux années 1970. Sur l’ensemble du territoire français, un tiers de la population vit dans une aire comportant plus de 10% de taux de population immigrée.

90,1% des immigrés vivent dans l’espace des grandes aires urbaines, contre 5% dans les espaces d’aires différente et 4,9% dans les espaces hors aires, Alors que huit non immigrés sur dix résident dans les grandes aires urbaines, neuf immigrés sur dix y sont référencés. Les six plus grandes aires de provinces (Marseille, Lyon, Toulouse, Lille, Bordeaux et Nice) concentrent un nombre très important d’immigrés (aux alentours de 15%). L’aire urbaine la plus importante dans ce domaine est celle de Paris, qui regroupe 38,2% de la population immigrée : soit 2,2 millions de personnes contre 10,2 millions de non immigrés. Pour autant, quelques petites aires de province disposent également de taux importants d’immigrés : à Nantua, dans l’Ain, 22,5% de la population (4200 habitants) est immigrée ; en Guyane, l’aire de Maripasoula comporte 49,3% d’immigrés.

La localisation de la population immigrée a peu varié entre 2007 et 2012 : « 72,9% de l’ensemble des immigrés habitent en 2012 dans les 48 aires urbaines de plus de 200 000 habitants, soit autant qu’en 2007 », souligne le rapporteur de la note.

 

Quelques cas suivant l’origine de la population immigrée 

La population d’origine africaine, et notamment maghrébine, est particulièrement présente dans les aires urbaines. On compte 95,2% des Africains résidant dans l’espace des grandes aires urbaines, 96;2% d’immigrés nés en Algérie, 96,7% d’immigrés nés en Tunisie. Paris, Lyon ou Marseille sont les principaux foyers de cette population, phénomène expliqué par le degré d’emplois industriels que comptaient autrefois ces villes. Principalement ancrés dans l’ère urbaine de Paris, ils ne s’attachent que peu à la couronne située hors de l’Ile-de-France (0,7%).

En revanche, 10,6% des immigrés d’origine européenne résident hors de toute aire. Leur comportement à cet égard se rapproche de celui de la population non immigré, quoique leur présence soit plus forte dans les grands pôles urbains ou les communes densément peuplées.

 

L’immigration récente 

Les nouveaux arrivants – soit les immigrés rentrés en France au cours de ces cinq dernières années, habitent plus volontiers dans les grandes aires urbaines – à 89,6%. Un tiers d’entre eux se localise dans celle de Paris. Privilégiant les espaces d’habitation très denses, ils installent leurs quartiers dans le pôle et les villes de banlieue.

 

Conclusion critique 

La note de l’INSEE, basée sur le nombre d’arrivées immigrés des années 2009 à 2013, s’appuie sur des enquêtes annuelles de recensement de 2010 à 2014. En regard des vagues de migrations massives qu’ont connu les années 2015 et 2016, il est donc légitime de réviser ces chiffres à la hausse. Par ailleurs, la nature de la population immigrée ciblée ne tient pas compte des Français nés à l’étranger et résidant sur le territoire national, ou ceux ayant acquis la nationalité, ce qui induit également la nécessité de relativiser les chiffres de cette étude.

 

Source : Localisation géographique des immigrés, une forte concentration dans l’aire urbaine de Paris, INSEE Première, n°1591, avril 2016

 

aloysia biessy