Avec un produit intérieur brut la reléguant au sixième rang mondial pour l’année 2016 – calcul classique des taux de change, la France se poste à la dixième place – PIB calculé par rapport à sa parité de pouvoir d’achat. Constat significatif, qui souligne les difficultés économiques que traverse le pays. 

 

Une conjoncture mondiale insatisfaisante  

 

Etablissant ses diagnostics deux fois par an (avril et octobre), le Fonds Monétaire international a  revu à la baisse ses prévisions de la croissance mondiale la semaine dernière. L’ensemble des 188 pays membres connaîtra une croissance de seulement 3,2%, au lieu des 3,6% prévus pour 2016. Quant à 2017, le pronostic est passé de 3,8% prévu à 3,5%.  Le rythme de la croissance mondiale s’endigue donc, rendant l’économie mondiale tributaire des risques « baissiers ». Si les chiffres semblent de prime abord satisfaisants, ils doivent être relativisés en regard de la croissance des pays émergents : un taux de croissance mondial sous un seuil de 2 à 2,5% pourrait en effet engendrer une récession. Car la baisse de régime est global – tant parmi les pays émergents que du côté des pays membres. Pour autant, la chute française est particulièrement flagrante. Se situant sous la moyenne de la zone euro, elle ne peut tendre à égaler la croissance allemande (entre 1,5% en 2016 et 1,6% en 2017), qui annonce elle-même un recul par rapport à ses prévisions.

 

La révision à la baisse des diagnostics du FMI s’opère de manière récurrente ; la baisse du pétrole ou des matières premières n’y changera rien. Les effets négatifs sur les producteurs dominent, en dépit des gains qu’auraient dû induire les gains des pays importateurs : tel est en tout cas le constat de Maurice Obstfled, conseiller et directeur de la recherche économique du FMI. Après tout, une déflation similaire ne s’est-elle pas observée entre 1929 et 1939 ?  Une telle incertitude dans les prévisions induisent les experts à penser que des risques financiers et d’origine non économique constituent les véritables dangers. Volatilité des marchés financiers depuis le début de l’année, instabilité de l’Union Européenne (Brexit, crise des réfugiés issus du Moyen-Orient) : on s’inquiète des fissures lézardant le « projet européen ». Au contraire, la Chine connaît des révisions de croissance à la hausse – de 6,5% en 2016 à 6,2% en 2017 ; un taux de croissance s’élevant à 0,2 points ! Membre du BRIC, cette croissance est, tout comme celle de l’Inde, décisive pour les pays des Bric ; toutefois, en son sein, la Russie et le Brésil connaissent quant à eux des profondes récessions.

 

Expansion monétaire des banques centrales, réforme du marché du travail, relances budgétaires,… : telles sont les réponses proposées par le FMI. « Nous ne sommes pas dans une situation de crise mais d’alerte, il n’y a pas de place pour l’erreur », souligne toutefois Mac Obstfeld, particulièrement soucieux de la nature faussée des prévisions.

 

Une conjoncture française inquiétante 

La France connaît quant à elle une situation particulièrement préoccupante. Si Bercy prévoyait une croissance de 1,5% en 2016, la Commission Européenne a minoré (1,3%) de telles prévisions, jugées pourtant prudentes par l’instance financière française.  De même, le PIB français est estimé à 1,1 % pour 2016 et 1,3% en 2017, alors que les prévisions initiales évoquaient des taux comportant au moins 0,2% supplémentaires. La France est particulièrement en peine, en regard de ses voisins.  2,6% en Espagne, 1,5% pour l’Allemagne. Avec trois années d’une croissance proche de 0, l’OFCE évoque à son égard une « lente convalescence », due à un rebond de l’investissement limité (-3% pour l’année 2016 sont escomptés par l’OFCE) et à un sureffectif de 80 000 postes pour la fin de l’année 2015, facteur contribuant à freiner le recrutement.  Toutefois, l’institution évalue un recul du taux de chômage de 0,5% pour la fin de l’année 2016 – remarque cependant relativisée par les estimations de l’OFCE par le FMI, qui indique une baisse du chômage de 0,3 points seulement.

 

Les experts s’accordent sur l’impact de facteurs externes, particulièrement alarmants aux yeux de l’institution internationale. La reprise est annihilée par un endettement élevé et des gains de productivité faibles. Conjoints à des facteurs provoquant un impact sur sa croissance (vagues migratoires massives, terrorisme, Brexit), toute perspective de hausse semble complexe. C’est vraisemblablement la raison pour laquelle le FMI a revu à la baisse le taux de croissance de la zone euro – passée de 1,7% à 1,5% pour l’année 2016.

 

Conclusion  

Les variations des estimations tendent à prouver l’incertitude des différentes institutions à établir un bilan construit. Pour l’institut COE-Rexecode, par exemple, les problématiques sont différentes. Compétitivité non régulée, absence de réforme du travail : tels sont les écueils dénoncés par l’institut proche du Medef, s’appuyant sur les constatations de la BCE.  Pour autant, l’origine de la stagnation semble surtout devoir se porter envers la politique économique menée : les chefs d’entreprises soulignent en effet ne pas investir du fait de la rigidité du marché du travail.

 

Source : Le FMI ne croit pas à une vraie reprise en 2016 ; Les risques financiers et géopolitiques menacent la croissance mondiale, mercredi 13 avril 2016, Figaro Economie.

aloysia biessy