Les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden ne finissent pas de dévoiler l’ampleur des moyens mis en place par les services secrets anglo‑saxons pour surveiller les populations. Cet informaticien du renseignement américain avait divulgué à partir de juin 2013 des informations confidentielles concernant la manière dont les Etats‑Unis espionnent de manière massive le monde entier via les réseaux téléphoniques et Internet. Jeudi dernier, le site The Intercept analysant les fuites de Snowden mettait au jour les détails des opérations Dapino Gamma et Highland Fling. Ces opérations consistaient à cibler, grâce aux réseaux sociaux et au piratage des boîtes électroniques, les ingénieurs à haut potentiel. Une fois ceux‑ci identifiés, les services ont intercepté leurs communications afin de trouver où étaient stockées les clefs de cryptage des cartes.

 

L’Europe : un supermarché pour espions américains

 

Les services de renseignements n’ont plus besoin de mandat pour écouter des citoyens. Ils n’ont plus à commettre d’effraction, ni même à demander d’autorisations pour rentrer sur les réseaux téléphoniques puisqu’ils en ont les clefs ! Ces clefs de cryptage garantissaient en effet la confidentialité des données échangées, c’est-à-dire le contenu des messages ou de l’appel téléphonique, voire le contenu des répertoires. L’entreprise française Gemalto, victime de cette cyber‑attaque, est l’une des plus importantes sur ce marché. Elle dispose de 40 usines dans le monde et vend des milliards de cartes SIM par an, soit presque 50 % de part de marché. Elle s’est notamment diversifiée afin de fournir des puces aux banques et aux administrations pour les cartes bancaires et les passeports biométriques. Dans un communiqué de presse, elle affirme: « Prendre cet article très au sérieux et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour investiguer et comprendre l’étendue de ces techniques sophistiquées ». L’action de Gemalto a chuté au lendemain de l’annonce. Selon des spécialistes, ces opérations pourraient être la partie émergée d’un iceberg, d’autres entreprises pouvant être touchées.

 

En France, n’a protesté sauf le vice‑président du Front National. Face à l’ampleur de l’attaque d’un service étranger, prétendument allié contre notre pays, Florian Philippot a été l’un des seuls dirigeants politiques à dénoncer le silence assourdissant du gouvernement français, premier actionnaire de l’entreprise Gemalto. L’absence de toute protestation officielle à l’égard des Etats‑Unis et du Royaume-Uni est effectivement à déplorer.

 

Le Traité transatlantique : cheval de Troie américain pour l’économie européenne

 

Même si les négociations se poursuivent à huis-clos, un certain nombre de documents ont quand même fuité. L’exemple des accords de libre-échange qui ont déjà été conclus dans le passé pourraient également nous alerter. Les Etats-Unis, enfin, n’ont jamais fait mystère de leurs intentions : imposer partout les dogmes de l’économie libérale afin de transformer la planète en un immense marché.

Ce traité transatlantique, qui vise à arrimer l’Union européenne aux Etats-Unis en créant la plus grande zone de libre-échange du monde, pose deux problèmes essentiels. Le premier tient à l’élimination programmée de ce qu’on appelle les « barrières non tarifaires », en clair les normes de production sociales, salariales, environnementales, sanitaires, financières, etc., que les négociateurs considèrent comme autant d’entraves à la liberté du commerce. Comme l’objectif est de s’aligner sur le « plus haut niveau de libéralisation existant », il est à prévoir que ce sont les Etats-Unis qui vont en la matière imposer à l’Europe leurs règles commerciales. L’autre menace réside dans la mise en place d’un mécanisme d’« arbitrage des différends » entre Etats et investisseurs privés, qui permettrait aux entreprises multinationales de traîner devant un tribunal ad hoc les Etats qui feraient évoluer leur législation dans un sens jugé nuisible à leurs intérêts ou de nature à restreindre leurs bénéfices. Les firmes multinationales se verraient ainsi conférer un statut juridique égal à celui des Etats ou des nations, qui perdraient de cette façon le peu qu’il reste de souveraineté politique.

 

Le trouble jeu des Britanniques sur la scène internationale :

 

Alors qu’un accord de cessez-le-feu sur le front ukrainien a été signé à Minsk il y a dix jours, le gouvernement britannique ne semble pas vouloir jouer le jeu de la désescalade. La Grande-Bretagne, que le général de Gaulle a toujours considérée comme l’agent américain au sein de l’Union européenne, va envoyer des soldats en Ukraine pour entraîner et conseiller l’armée fidèle à Porochenko, ayant pris le pouvoir après la pseudo-révolution de Maïdan. Nul doute que la décision de David Cameron ne manquera pas d’alimenter les tensions avec la Russie, selon le souhait des élites américaines gravitant autour du président Obama, qui ne veulent pas voir une puissance concurrente sur le territoire européen, préférant une Europe affaiblie coupée en deux, pour mieux l’asservir (cf. le traité transatlantique).

 

Le double-jeu des Britanniques au Moyen-Orient mériterait également des éclaircissements. Le président de la Commission de la sécurité et de la défense du Parlement irakien a annoncé récemment que deux avions britanniques ayant à leur bord des armes destinées à l’Etat islamique (EI) se sont écrasés dans la province d’Al-Anbar. « Cette province s’étale sur de vastes étendues et le peuple nous rapporte que les avions américains et britanniques acheminent, quotidiennement, des armes à l’EI », a-t-il souligné.

 

 

Il serait temps que la France arrête définitivement de jouer le jeu de l’administration de Washington qui veut faire repartir la guerre froide avec la Russie. Les milieux d’affaires français et allemands sont très hostiles aux sanctions contre Moscou et font pression sur leurs gouvernements respectifs pour que tout cela se termine. Vladimir Poutine n’attend lui aussi que ça pour participer activement à la coalition et pacifier le Moyen-Orient, contrairement à nos « alliés » anglo-saxons qui n’ont apparemment pas le même agenda que nous. Comme vient de le rappeler Philippe de Villiers dans un entretien au Figaro, il faut désormais « préparer la seule Europe viable et raisonnable pour mettre en œuvre un grand partenariat stratégique et culturel avec la Russie, l’Europe de l’Atlantique à l’Oural. »

 

Rédacteur Web