Syrie, une guerre sans nom ! Cris et châtiments
Geneviève et Jean – Claude Antakli Editions de Guibert 

I-Grande-15859-syrie-une-guerre-sans-nom-cris-et-chatiments.netUn couple de médecins franco-syriens, fondateurs d’un institut de soins infirmiers à Alep, retrace les vraies raisons de la guerre en Syrie. La parole est donnée au peuple syrien : civils chrétiens et musulmans, religieux, opposants laïcs au régime, tous relatent l’enfer et la misère qu’ils vivent au quotidien depuis plus de trois ans. Ce peuple martyrisé s’exprime aux côtés de spécialistes en géopolitique du Proche – Orient afin de déchiffrer ensemble les raisons occultes ayant poussé à ce conflit.
Tous s’accordent à dénoncer l’hypocrisie et le cynisme des politiques occidentales qui poussent le Proche – Orient, région extrêmement sensible, au bord du gouffre. Loin d’être une révolte visant à obtenir des garanties en termes de démocraties et de libertés, ce conflit apparait en réalité comme un complot international, visant à assurer aux Etats – Unis et aux puissantes monarchies du Golfe la main – mise sur un axe énergétique stratégique. Par ailleurs, l’hégémonie américaine au Proche – Orient permet également de garantir les intérêts d’Israël. Ainsi, la guerre en Syrie camoufle en réalité une terrible lutte d’influence qui risque d’aboutir à une nouvelle guerre mondiale.
Enfin, ces témoignages constituent un véritable cri de détresse adressé aux dirigeants et autres chefs d’Etats. Il s’agit d’alerter les décideurs afin qu’ils ne puissent persister à participer en conscience à une pseudo – opération humanitaire de promotion de la démocratie qui dissimule en fait une tentative de déstabilisation mondiale dirigée par des instances internationales qui ne suivent que leurs propres intérêts.

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Première partie : Retour en Syrie

A la demande de l’archevêque melkite catholique d’Alep, Geneviève et Jean-Claude Antakli fondent un institut de soins infirmiers en 2008, avant que ne se déclenchent les Printemps arabes. L’ouvrage débute en mai 2012, au retour à Alep des auteurs, un peu plus d’un an après que les premiers troubles aient eu lieu en Syrie. Il est fait état du changement affectant l’atmosphère à Alep, ville autrefois paisible et dans laquelle l’harmonie régnait entre les communautés musulmanes et chrétiennes. Cette entente serait originelle en Terre Sainte, terre considérée comme le berceau de notre civilisation. Diverses conversations entre des prêtres syriens et les auteurs traduisent l’idée selon laquelle en Orient, la spiritualité est partout et permet de lier durablement, du moins en Syrie, les communautés entre elles. Cette diversité est d’ailleurs manifeste à la tête de l’Etat : Bachar El – Assad, issu de la minorité alaouite, est marié à une sunnite. Toutes ces composantes du peuple syrien vivent ensemble, conscientes du fragile équilibre à sauvegarder pour assurer la paix, la liberté et la sécurité.

Toutefois, dès leur arrivée, les auteurs constatent la dégradation de tout ce qui rendait la vie insouciante à Alep. La vie quotidienne se déroule au ralenti, l’approvisionnement en essence et alimentation est rendu difficile. Le tourisme et le commerce ont disparu, les barrages militaires sont omniprésents, et un silence de plomb pèse sur une ville autrefois pleine de vie. D’Alep, « fenêtre ouverte sur la guerre » (p. 27), les auteurs nous livrent leur quotidien auprès des élèves infirmiers, et le sentiment d’irréalisme et de confusion qui domine. Le propos de l’ouvrage est d’expliquer les raisons de cette situation. Il s’avère que depuis la création de l’Etat d’Israël, le Proche – Orient est le théâtre de conflits incessants. Les intérêts de grandes puissances s’affrontent dans cette zone riche en ressources énergétiques : après qu’ait eu lieu la guerre du Liban, les Etats – Unis ont mené la guerre en Irak, puis, aux côtés de puissances européennes, en Lybie. La Syrie est aujourd’hui visée par un complot international qui vise à la déstabiliser. Les chrétiens d’Orient, porteurs de notre civilisation, sont directement menacés, mais demeurent pourtant inaudibles et invisibles auprès des médias occidentaux et de l’Eglise de France.

Ces médias globaux sont d’ailleurs fortement responsables d’une campagne de désinformation. En utilisant sans cesse le registre de l’émotion, il s’agit de laisser croire que le conflit en Syrie se résume d’une part, à une révolte d’un peuple en quête de démocratie, et d’autre part à des affrontements spontanés entre communautés religieuses. Certes, des réformes sont nécessaires, mais il n’appartient qu’au peuple syrien lui – même de prendre en main son destin. En réalité, il s’avère que la Syrie est envahie depuis 2011 par des bandes armées djihadistes financées par des puissances étrangères (Etats – Unis, Qatar, Arabie Saoudite…) qui ont décidé d’elles – mêmes de renverser le pouvoir en place pour réaliser dans cette zone stratégique un projet qui ne servirait que leurs propres intérêts. Face à cette ingérence scandaleuse, les auteurs prennent conscience de la responsabilité qui leur incombe de donner la parole aux Syriens pour que ceux-ci puissent témoigner et crier leur révolte face au mensonge et à la misère totale qu’il a engendré.

 

 

Deuxième partie : La vérité sur les auteurs des massacres

La suite de l’ouvrage est cadencée par une alternance de lettres ouvertes et de communiqués de civils, d’autorités religieuses ou politiques syriennes et de l’analyse critique des auteurs sur la crise syrienne. Tous s’accordent sur le rôle de désinformation joué par les médias occidentaux : par exemple, les manifestations pro – régime rassemblant la majorité de la population ont toujours été occultées. En effet, les journalistes ne mènent leurs investigations qu’aux côtés des « rebelles », ces derniers n’hésitant pas à les manipuler. Une religieuse carmélite considère que les médias n’informent pas, mais « infléchissent le cours des évènements par des moyens virtuels perfectionnés » (p. 89). Cette position médiatique sert les ingérences étrangères : de fait, la crise syrienne consiste davantage en un complot occulte qu’en une demande de réformes. Le rôle d’Alain Juppé, lorsqu’il était Ministre des affaires étrangères, et plus largement la voix de la France sont largement critiqués. Considérée à tort comme la « patrie des droits de l’Homme », il apparait que la France aurait dû engager le dialogue plutôt que de suivre la politique de l’OTAN. A ce titre, l’expression de « nécrose purulente du conflit israélo – arabe » (p. 96) est utilisée pour décrire la situation. Les puissances occidentales, accusées de colonialisme, sont en effet coupables d’avoir hâté les soulèvements populaires à forte dimension islamiste : d’un « printemps » arabe, il n’en découle en réalité qu’un « hiver » arabe.

Selon les analyses géopolitiques contenues dans l’ouvrage, et notamment celle du Père Dick, vicaire général à Alep, la Syrie est une cible des Etats – Unis en raison de sa politique extérieure : en affichant son attachement au nationalisme arabe et en dénonçant les dérives expansionnistes américaines, ainsi qu’une cible des monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar) et de la Turquie en raison de sa politique intérieure prônant un islam modéré et la cohabitation entre les minorités. Les puissances opposées à la Syrie cherchent ainsi à stimuler le communautarisme au profit de l’hégémonie américaine, qui accepte en contrepartie de pétrodollars un islam radical dans ces zones. Il s’agit d’une application du principe de destruction créatrice : les Etats – Unis créent le chaos dans la région avec l’objectif d’une décomposition programmée du Moyen – Orient pour protéger Israël. Les droits de l’Homme affichés pour justifier l’ingérence ne seraient alors qu’un « produit commercial utilisé par l’Occident » (p. 133). Alexandre Del Valle, géopoliticien, prolonge cette analyse en parlant de « lutte intra-islamique sur fond de guerre froide » (p. 163).

Enfin, une critique récurrente est adressée à l’Union Européenne, plus particulièrement à la France et à la Grande – Bretagne : celle de favoriser l’islamisme qu’elles prétendent combattre par ailleurs, en soutenant l’Observation syrien des droits de l’Homme (OSDH) et en considérant l’Armée syrienne libre (ASL) et le Conseil national syrien (CNS) comme les interlocuteurs légitimes représentant le peuple syrien. En effet, les membres de ces organismes sont très souvent des Frères musulmans. On peut alors parler de schizophrénie européenne. D’intéressants témoignages d’anciens responsables de la DGSE dénoncent les choix irresponsables réalisés dans le dossier syrien : en effet, la France et la Syrie ne peuvent plus maintenir leur longue et efficace coopération contre le terrorisme.

Troisième partie : Les vraies raisons des massacres

La Syrie apparait comme une zone stratégique puisqu’elle permet à l’OTAN et à la Ligue arabe de contenir les ambitions russes voire chinoises sur les plans politique et énergétique. En outre, les troubles provenant initialement des frontières syriennes étayent la thèse d’aides extérieures apportées aux « rebelles » islamistes. La crise syrienne illustre alors la manipulation des règles internationales et des mécanismes de l’ONU. Le Proche et le Moyen – Orient constituent une véritable poudrière, et il est criminel de la part des Occidentaux d’y attiser le feu.

En effet, le départ de Bachar El – Assad entrainerait l’isolement de l’Iran, mais également la redéfinition du jeu politique interne au Liban (non neutre pour Israël), alimenterait les ambitions de l’Azerbaïdjan sur l’Iran et les peurs de Moscou pour l’Arménie. La Turquie est loin d’être neutre : il y a des kurdes en Syrie et la redéfinition de cette zone pourrait lui rappeler son ancienne domination ottomane. Quant à l’Arabie Saoudite, elle verrait ses positions renforcées pour mieux persécuter les chrétiens et les chiites.

Il s’agit pour les opposants de la Syrie d’étendre la zone d’influence des Etats – Unis afin de sécuriser les principales sources d’approvisionnement et les routes énergétiques. En effet, toutes les zones de combats se trouvent sur les projets de plans de gazoducs qataris. Cela conduirait à la fin du monopole russe de la fourniture de gaz en Europe. La crise syrienne dissimule alors une nouvelle guerre mondiale, dans le sillage de la guerre froide.

France Renaissance

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