Par Michel Maffesoli et Hélène Strohl (éditions du Moment).

Cet ouvrage, divisé en 5 chapitres, propose au lecteur d’étudier le mal actuel qu’est la « bien pensance », chaque chapitre étant une charge, plus au moins virulente, contre une profession ou un « type » de personne particulier.

Le premier chapitre, intitulé « Le conformisme logique », s’attaque aux intellectuels dans leur globalité. Tout part d’une constatation de Michel Maffesoli qui est la suivante : le peuple n’écoute plus la parole de « la haute ». Cette parole, dite « publique », n’est plus écoutée et est même méprisée. Le peuple a compris que cette parole n’était qu’un tissu de mensonges. L’auteur fait ici le constat simple que ses biens pensants sont des autistes et qu’ils oublient, de fait, le reste du monde. Or, le peuple espère en ce « nous » et ne supporte plus cet individualisme qui ressort de chaque intervention de ces intellectuels. L’auteur va même jusqu’à appeler leur opinion « l’opinion publiée », car leurs auteurs sont asservis par les médias, les politiques…

Ce discrédit commence à se sentir et il suffit tout simplement de voir le discrédit et la méfiance envers les médias et les politiques qui règnent actuellement. Les municipales et le taux d’abstention record en est la meilleure preuve.
L’auteur accuse, dans ce chapitre, ces intellectuels de pratiquer la méthode du « copié collé », de rester sur la même analyse que celle de leur voisin, d’être conformes aux autres. Il ajoute même que c’est ce conformisme qui leur permet de garder un pied dans les médias.

M. Maffesoli reconnaît qu’il est dur d’être un esprit libre par les temps qui courent et interpelle le lecteur sur la nécessité actuelle de cette liberté d’esprit. Pour le sociologue, il s’agit « d’un devoir de lucidité, de bon sens et de droite raison ». Il frappe même jusqu’à citer Hannah Arendt qui disait que « le non conformisme est la condition sine qua non de l’accomplissement intellectuel ».

De ce constat de rejet, l’auteur fait un lien entre les maux d’aujourd’hui et les mots utilisés par nos biens pensants. Pour lui, nous sommes dans le pire des totalitarismes actuellement, car tout nous est imposé.

Ce 1er chapitre interpelle le lecteur sur le conformisme qui est logique par sa mise en évidence dans les médias et la difficulté actuelle et réelle d’être un esprit libre.

Le deuxième chapitre, intitulé « Le journalisme où l’ère de la page de variété », condamne les journalistes et leur manque de conviction. L’auteur les compare à des perroquets qui répètent tous les même phrases surfaites, parlent des même sujets.

Il attaque les journalistes qui avancent main dans la main avec les politiques et qui recrachent ce qu’on leur demande, sans avoir, au préalable, essayé de se renseigner sur l’avis de l’adversaire.

Il condamne aussi les journalistes se prenant pour des philosophes qui, sous couvert de philosophie, prennent un malin plaisir à saboter tout ce qui leur sert de sujet.

Il critique ensuite les journalistes qui sont devenus des experts en dénonciation haineuse de tous les sujets ne correspondant pas à leur pensée. L’auteur met ici en exemple et dans le même sac Médiapart, Minute et Marianne. Ce qui n’aura pas manqué d’interpeller Zemmour et Naulleau, qui demanderont à Maffesoli s’il n’est pas allé trop loin dans sa comparaison, ce à quoi l’auteur leur répondra qu’il a fait exprès d’être dans l’excès pour choquer le lecteur (émission du 24 janvier sur Paris Première).

L’auteur leur recommande alors d’écrire avec leurs mots, leurs styles et en accompagnant leur lecteur dans sa réflexion et non en lui disant ce qu’il a à faire.

Le 3ème chapitre, intitulé « L’ersatz théorique », condamne les plagiaires, c’est-à-dire ceux qui, de notre temps, reprennent des théories qui ne leur appartiennent pas et essayent d’en tirer profit. Ces gens-là s’attaquent à toutes les matières : des maths à l’histoire, en passant par les sciences. Ils n’inventent rien et se contentent de reprendre ce qui existe déjà. Or, leurs reprises ne sont pas bonnes et, pour l’auteur, c’est ce qui explique aujourd’hui l’absence de Français dans les grands colloques.

Le 4ème chapitre, intitulé « l’opéra bouffe du politique », s’attaque aux politiques. Pour l’auteur, la crise actuelle, avant d’être économique, est morale. C’est parce que nos politiques actuels sont des biens pensants que nous voyons surgir des discours de haine, des montées d’extrême. Il faudrait que les gens d’aujourd’hui s’appliquent sur les mots pour éviter bien des maux.

L’auteur rejette cette bien pensance, cette normalité et ce manque de courage de nos politiques et leur rappelle le réel et le bon sens.

Le 5ème et dernier chapitre, intitulé « Fonctionnaires hauts, la tribu des tribus », est écrit par Hélène Strohl, dans lequel elle s’attaque aux hauts fonctionnaires.

Ce chapitre est différent des autres, par sa forme et son fond. Il détaille plus la vie de ces hauts fonctionnaires, en passant de leur concours à leurs heures de travail.

Ce chapitre, criant de vérité, est sans doute le plus poussé et le plus à même d’interpeller le lecteur, par ses petits paragraphes et par le style de l’auteure qui a vécu avec cette élite.

Cet ouvrage, authentique, ne peut laisser le lecteur indifférent et ne peut que faire réagir un esprit libre. Même s’il est fort à parier que ce livre ne sera lu que par des esprits libres, il amène tout de même le lecteur à se poser des questions sur cette liberté et sur le conformisme qui règne actuellement.

Ce livre est très intéressant, mais la prise de notes est de mise pour pouvoir bien suivre le fil de la pensée de Michel Maffesoli qui, parfois, peut laisser libre cours à sa pensée et perdre un peu le lecteur. Mais c’est aussi ce qui rend ce livre si vrai, le lecteur se perdant dans les pensées de l’auteur.

Partager

France Renaissance

L'Institut Renaissance est un centre d'étude et d'action politique, indépendant de tout parti politique. Il est attaché à la défense des libertés, de l'identité française, du principe de subsidiarité, et des droits humains inaliénables.