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En réponse au « No limit » de la génération de leurs parents, trois jeunes gens, à l’origine du fameux mouvement des Veilleurs, ont écrit Nos limites. Pour une écologie intégrale, paru aux éditions Le Centurion en mai 2014. Gaultier Bès, l’auteur principal de ce rapide opuscule, est professeur agrégé de lettres modernes ; Marianne Durano est, elle, agrégée de philosophie ; enfin, last but not least, Axel Nørgaard Rockvam, le visage le plus connu des veilleurs, est relieur à Paris.

Les rebelles de 68 avaient-ils tort de désirer que certaines portes s’ouvrent ? Non, sûrement pas, mais en abattant tous les murs dans leur fougue, ils ont fait le jeu de ceux qu’ils croyaient combattre. Les idéalistes de 68 ont voulu jouir sans entraves, croyant mettre à bas le capitalisme. Ils n’ont pu que « lui donner un champ d’expression illimité ». Ils ont voulu arracher l’homme à ses déterminismes, ils ont supprimé son foyer. Ils ont voulu abolir les frontières entre les cultures, ils ont créé des consommateurs déracinés. Ils ont voulu rapprocher l’homme de la femme, ils les ont livrés au matérialisme. Ils ont voulu des machines, ils ont précipité le règne du « transhumanisme ».

Leurs rêves ont été corrompus, parce que leur refus des limites a « déshumanisé » l’homme au lieu de le libérer. Ainsi, il ne s’agit pas tant, selon Gaultier Bès, d’abolir mai 68 que de l’accomplir.

Aux rêves brisés et clivages dépassés de leurs aînés, les trois jeunes auteurs opposent une écologie intégrale, qui est une philosophie au sens qu’en avaient les Anciens, c’est-à-dire une manière de penser et aussi de vivre : « Simplifier son existence, c’est vivre ce que nous nous proposons d’appeler une « écologie intégrale ». L’écologie intégrale ne choisit ni l’humain contre la nature ni la nature contre l’humain. Elle cherche au contraire à réconcilier l’humanisme et l’environnementalisme, à faire la synthèse entre respect absolu de la dignité humaine et préservation de la biodiversité. Promouvoir l’écologie intégrale, c’est reconnaître qu’on ne saurait défendre l’une sans protéger l’autre, se soucier des plus fragiles sans s’opposer à tout ce que nos modes de vie peuvent avoir de dégradant et de destructeur. Car la détérioration de notre environnement ne peut qu’entraîner notre propre déshumanisation. » Cette vision radicale, au sens étymologique, pourrait enfin réconcilier tous ceux qui croient encore que l’être humain a sa place dans la nature, n’étaient les efforts et les regrets que tous devront faire : cathos comme écolos, patriotes comme humanistes.

Laissons aux auteurs le dernier rappel : « N’oublions jamais que les mots humanité et humilité ont la même racine : humus, la terre. Le bonheur des générations futures est à ce prix. »

France Renaissance

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