Des sondages malhonnêtes :

« Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ? » Avec cette question, un sondage Ifop d’octobre 2014 commandé par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) estime que près de 96 % des Français seraient pour cette légalisation, avec 54 % répondant « oui, absolument » et 42% « oui, dans certains cas ». Cette question biaisée posant l’euthanasie comme seule remède à la souffrance entraine forcement une telle réponse unanime. Ne sont présentées aucunes alternatives à cette souffrance, ni la prise en charge par des équipes de soignants compétents, ni le recours aux soins palliatifs.  Nous sommes donc devant un choix truqué, une question affligeante de malhonnêteté, une manipulation à visée idéologique qui retire toute valeur probante à ce sondage.

Forte de ces 96% de Français qui la soutiendrait l’ADMD avait organisé une grande mobilisation en France le 2 novembre, jour des morts, pour réclamer le droit de « mourir dans la dignité » que réclamerait tous les Français et donc une loi légalisant l’euthanasie et le suicide assisté. Pour tout soutien et adhésion la mobilisation a réuni 1500 personnes à Paris selon les chiffres mêmes du Président de l’ADMD, Jean-Luc Romero.

 

Une campagne de communication douteuse :

En parallèle l’ADMD a débuté une grande et coûteuse campagne de communication afin de réclamer la légalisation de l’euthanasie en France en ces termes « François fais comme la Hollande ». Les Pays-Bas ont en effet adopté en 2001 une loi autorisant l’euthanasie et le suicide assisté. Se voulant humoristique sur un sujet aussi grave, l’ADMD de Jean-Luc Romero a utilisé un bien mauvais exemple en choisissant un pays dans lequel ont lieu tant de dérives depuis l’adoption de la loi il y a treize ans.  Dans ce pays plus de 300 euthanasies sont réalisées encore chaque année sans accord explicite du patient.

Le projet de loi légalisant aux Pays-Bas l’euthanasie et le suicide assisté a été adopté en 2001.

Sans dépénaliser l’euthanasie à proprement parler, la législation néerlandaise l’encadre. En effet, l’incitation au suicide, l’euthanasie et l’aide au suicide demeurent juridiquement des infractions pénales. Mais la loi introduit une excuse exonératoire de responsabilité pénale au profit du médecin qui respecte cinq  critères de minutie :

–          La demande du patient doit être volontaire et mûrement réfléchie

–          Les souffrances du patient sont insupportables et sans perspective d’amélioration.

–          Le patient doit avoir été pleinement informé de sa situation et des perspectives qui sont les siennes.

–          Le médecin et le patient sont parvenus conjointement à la conclusion qu’il n’existe pas d’autre solution raisonnable.

–          Un autre médecin indépendant doit avoir été consulté et doit avoir donné par écrit son avis sur les critères de minutie.

 

Les dérives :

Treize ans après l’application de cette loi de graves dérives ont lieu aux Pays-Bas.

–          L’euthanasie des mineurs est possible dès leurs 12 ans. Celle des nouveaux nès aussi sous certaines conditions.

–          En juillet 2009, le Comité des Droits de l’homme de l’ONU s’est inquiété du nombre élevé de cas d’euthanasies et de suicides assistés. Il a demandé aux Pays Bas de réviser la législation pour se mettre en conformité avec les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966.

–          Il y a un doublement des euthanasies en 5 ans (2331 en 2008 et 4829 en 2013).

–          Il y a un triplement des euthanasies de personnes atteintes de maladies mentales (dont Alzheimer).

–          Chaque année, 1700 cas de sédations en fin de vie relèveraient d’une pratique inadéquate pouvant cacher des euthanasies. Des personnes n’ayant pas demandé l’euthanasie le sont.

–          Il y a un exil  croissant de personnes âgées néerlandaises vers l’Allemagne voisine. S’y sont ouverts des établissements pour personnes âgées accueillant des Néerlandais. Ces personnes craignent en effet que leur entourage ne profite de leur vulnérabilité pour abréger leur vie. Elles n’ont plus confiance dans les praticiens hollandais.

–          Actuellement des pressions sont faites auprès du parlement pour qu’il autorise le suicide assisté des plus de 70 ans qui en feraient la demande et n’invoquant pas d’autre raison que l’âge et la «fatigue de vivre».

 

L’ADMD semble donc avoir choisi un bien mauvais exemple pour promouvoir sa demande de légalisation de l’euthanasie. Cette loi, loin de ne faire qu’encadrer des euthanasies déjà existantes, les a démultipliées, et n’a pas réussi à toutes les encadrer. Dans ce pays où plus de 300 euthanasies par an sont réalisées sans l’accord du patient  les personnes âgées n’ont plus confiance envers le personnel médical. Tout comme la Belgique les Pays-Bas sont présentés comme un exemple à suivre sur les questions de fin de vie mais commencent à donner un aperçu sérieux de dérives jugées inconcevables dans un premier temps. Et cela se manifeste seulement treize ans après l’entrée en vigueur de cette loi sur l’euthanasie active. La majorité des demandes d’euthanasie seraient liées à une souffrance physique insupportable et donc à de mauvaises pratiques médicales dans le traitement de la douleur. Les Pays-Bas semblent avoir fait le choix de former ses médecins aux maniements des produits létaux plutôt qu’aux soins palliatifs. Dès lors le malade n’a donc le choix qu’entre souffrir ou demander l’euthanasie. Il faut lui offrir un troisième choix : être soulagé de sa douleur. Il est donc primordial, avant toute chose, de poursuivre le programme de développement des soins palliatifs en France et d’empêcher toute loi sur l’euthanasie qui entrainerait automatiquement ces terribles dérives.

 

 

France Renaissance

L'Institut Renaissance est un centre d'étude et d'action politique, indépendant de tout parti politique. Il est attaché à la défense des libertés, de l'identité française, du principe de subsidiarité, et des droits humains inaliénables.