François Hollande avait déclaré ne pas vouloir suivre l’habitude de Nicolas Sarkozy consistant à donner interviews et discours à l’Elysée. Et pourtant c’est dans ce lieu qu’il a répondu aux questions des deux journalistes, David Pujadas et Gilles Bouleau lundi dernier.

La grande ère des réformes dont le président use de toutes parts laisse place, lors de cette allocution traditionnelle attendue par les Français (attente accentuée par l’absence médiatique du président ces deux derniers mois), à un vide antithétique. Les réformes dont parle François Hollande ont toutes déjà été annoncées, les questions au sujet des thèmes d’actualité tels qu’Israël, le pacte de responsabilité, l’apprentissage, ou l’arrivée de Laurence Boone  n’ont pas reçu de réponses claires. Pourtant dans cette molle détermination, nous trouvons la promesse d’Hollande de réformer la France jusqu’à la « dernière minute de son quinquennat », et que « la reprise est là » mêmes mots que l’an passé, lors de la même intervention, comme une méthode pour rassurer les auditeurs et se rassurer lui-même.

Rassemblement, réforme et confiance sont les trois grands messages que le président socialiste voulait faire passer aux Français le jour de la fête nationale. Bien peu s’en est fallu qu’il rate son objectif…

La question Laurence Boone

Le successeur d’Emmanuel Macron, Laurence Boone a travaillé pour de prestigieuses banques de La City à Bank of America et écrivait il y a encore quelques semaines des textes extrêmement critiques face à la politique économique du gouvernement Valls. Elle a maintenant le devoir d’aider Hollande à donner de « claires limites au monde de la finance ».

Cette nomination étonne et  irrite le parti de François Hollande puisque Laurence Boone ne procède pas de l’appareil socialiste ou même de la haute fonction publique.

Pacte de responsabilité

Lors de l’interview menée il y a deux jours, le président arborait tel un bouclier le pacte de responsabilité, en proclamant que l’année 2014 serait celle des grands changements économiques. Pourtant comme l’a bien rappelé monsieur Bouleau, les entreprises elles-mêmes n’ont pas confiance. Le pacte de responsabilité c’est 40 milliards d’euros de réductions de charges pour les entreprises sur les trois prochaines années.

Ainsi l’Union Professionnelle Artisanale (UPA) dénonce le revers de ce pacte et menace d’en sortir, puisque sont prévus deux décrets donnant une place majoritaire au Medef (mouvement des entreprises de France, une organisation patronale) dans les instances de gestion de la formation professionnelle

L’importation du conflit israélo-palestinien en France

Benyamin Netanyahu le chef du gouvernement israélien a trouvé lors de son entretien un grand soutien puisque François Hollande  lui a « exprimé la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza. Il lui a rappelé que la France condamne fermement ces agressions » ; de plus nous apprenons dans le communiqué de presse diffusé par l’Elysée qu’il a été précisé qu’ « il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ».

Le président se veut ferme au regard des événements très violents survenus en France entre les communautés pro-israéliennes et pro-palestiniennes, déclarant lors de son interview qu’ « il ne peut pas y avoir d’intrusion dans les lieux de culte. Il n’y aura aucune indulgence pour cela. »

Déclaration survenant quelques jours après la première condamnation des Femen répondant aux actes commis à Notre Dame de Paris, les contraignant à payer une amende de 1500 euros.

Après les heurts qui se sont déroulés à Paris, il est bien tard pour reconnaître l’importation réelle de ce conflit en France ce à quoi s’oppose François Hollande : «Je ne veux pas qu’il y ait des conséquences en France. Le conflit israélo-palestinien ne peut pas s’importer »

Nous avons d’ailleurs eu l’occasion par cet entretien de constater l’agitation du président Hollande lorsqu’est évoqué ce sujet si sensible.

Droit de vote des étrangers

François Hollande est resté, lors de son discours, très flou face à la question du droit de vote des étrangers. Il a néanmoins ré-ouvert la porte sur cette question, se souvenant peut être que 77 élus PS avaient signé une tribune dans  Le Monde en faveur du droit de vote des étrangers. Ainsi on ne sait pas si François Hollande garde un certain silence pour laisser Jean-François Cambadélis réaliser la grande campagne déjà prévue, en faveur de l’instauration du droit de vote des étrangers. Enfin cette proposition n’est absolument pas enterrée puisque le président précise « qu’avant » il faut redresser économiquement la France; ce qui confirme que ce projet est bel et bien prévu.

La baisse de la fiscalité

Déjà annoncé par Manuel Valls lors de son discours à Vauvert, le président précise que la baisse de fiscalité actuellement prévue permettrait à deux millions de Français de la classe moyenne de payer moins d’impôts et à un million de sortir de l’impôt sur le revenu dans ces deux prochaines années.

Le président a de plus parlé à nouveau de l’apprentissage, dont il veut éliminer tous les obstacles, prévoyant 500 000 apprentis d’ici 2017.

Face à la question de l’écart pressenti entre Manuel Valls et lui-même il n’a répondu que par une louange à l’efficacité et la rapidité du premier ministre. Supposition due en partie aux propos tenus par M. Valls à l’occasion de son discours à Vauvert à propos de monsieur Renzi , déclarant que lui ne cherchait pas la « berlusconisation » du pays.

Ce passage médiatique traditionnel et attendu a donc laissé sans réponses et sans nouveautés les Français qui s’attendaient, sans doute, à plus de précisions face à un président déclarant l’ère des grandes réformes pour la France .

Au regard des réactions de la presse et des personnalités de tous bords, force est de constater que François Hollande n’a ni convaincu ni instauré comme il le souhaitait, le rassemblement et la confiance chez les Français autour de ses projets.

France Renaissance

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