Chevènement

C’est parce qu’il prédisait que la commémoration en 2014 du déclenchement de la Première Guerre mondiale serait instrumentalisée à des fins politiques que Jean-Pierre Chevènement a pris le temps d’écrire ce livre, 1914-2014 : l’Europe sortie de l’histoire ? : « Au nom du «Plus jamais ça!», il s’agira, pour nos classes dirigeantes, de justifier la mise en congé de la démocratie en Europe au prétexte, cent fois ressassé, de sauver celle-ci de ses démons. »

La thèse de l’ancien sénateur du territoire du Belfort est simple : L’Europe sort peu à peu de l’histoire, coincée entre les puissances d’un monde qui se dessine sans elle.

Ce déclin, l’ancien ministre l’explique non seulement par les deux guerres mondiales, mais plutôt par les mouvements de mondialisation qui sont, ensemble, causes et conséquences de celles-ci. Si la mondialisation qui commence dans la seconde partie du XIXe siècle, sous l’hégémonie de l’Angleterre, précipite la France contre l’Allemagne impériale ; la seconde mondialisation, sous l’égide des États-Unis cette fois-ci, risque de provoquer un phénomène similaire, selon les rapports que les grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale auront avec la Chine.

Quelle place prendra l’Europe dans ce monde bipolaire que construisent les États-Unis ? Selon Jean-Pierre Chevènement, c’est le couple franco-allemand, la « vieille Dame » (du point de vue allemand) et la « grande Suisse » (du point de vue français), qui seuls peuvent retrouver l’histoire : « Afin de ne pas être marginalisée dans la nouvelle bipolarité du monde qui s’esquisse entre la Chine et l’Amérique, l’Europe a besoin de retrouver confiance dans ses nations pour renouer avec la démocratie et redevenir ainsi actrice de son destin. Rien n’est plus actuel que le projet gaullien d’une « Europe européenne » au service du dialogue des cultures et de la paix, une Europe compatible avec la République où la France et l’Allemagne pourront de concert penser vraiment l’avenir d’un ensemble allant de la Méditerranée à la Russie. Dans une « réconciliation » enfin purgée de ses ambiguïtés et de ses non-dits : celle de deux grands peuples capables de poursuivre ensemble leur Histoire. »

Pour éviter une stagnation de longue durée ou pire, une crise brutale, l’Europe a deux solutions, selon l’auteur. La première, qui ne recueille pas ses suffrages, repose sur l’utilisation « intelligente » de la planche à billets, comme le font toutes les grandes banques centrales. L’autre scénario, qui a la préférence de l’auteur, est le passage de la monnaie unique à la monnaie commune, qui autoriserait des différences de parité et permettrait à chaque État de se replacer convenablement dans la compétition mondiale.

Le président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen embrasse un siècle d’histoire européenne pour développer son analyse, avec une culture que l’on trouve rarement chez les hommes qui ont exercé le pouvoir, ce qui lui donne une hauteur de vue dont tous profiteront.

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