En plein retour des discussions sur la réforme territoriale à l’Assemblée nationale, le groupe PS va proposer par amendement, une nouvelle carte, réduisant les nouvelles régions à treize au lieu de quatorze, et proposant quelques changements majeurs, certains cohérents, d’autres moins. Cette nouvelle répartition propose une fusion Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Champagne-Ardenne-Alsace-Lorraine, ainsi que la fusion du Poitou-Charentes avec le Limousin et l’Aquitaine, laissant seules et inchangées les régions Centre, Pays de la Loire et Bretagne. Loin de faire l’unanimité et toujours faite trop rapidement et sans consultation, cette nouvelle carte a le mérite de présenter un peu plus de cohérence que la précédente. Elle s’attire les foudres de certains cadres socialistes. La réforme est en discussion à l’Assemblée à partir de mardi soir, le vote est prévu le 23 juillet.

Une carte plus raisonnable          

Certaines fusions ou non fusion précédemment proposées étaient particulièrement absurdes et incomprises, comme la fusion Picardie-Champagne-Ardenne, alors que l’une avait bien plus de relations avec le Nord-Pas-de-Calais, et l’autre avec la Lorraine. Cette nouvelle carte a le mérite de revenir sur ces points en proposant la fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, constituant une région unie territorialement et de taille raisonnable. Les liens existent déjà entre ces deux régions, bien plus qu’entre la Champagne-Ardenne et la Picardie.

La fusion annoncée entre l’Alsace et la Lorraine serait accompagnée d’une fusion avec la Champagne-Ardenne, recréant une Lotharingie, ce qui n’est pas aberrant au plan historique. Les liens existent déjà entre ces régions ils pourront être renforcés. Reste la question de la capitale qui pourrait envenimer les débats internes, entre Châlons-en-Champagne, Reims qui pourrait refaire valoir ses droits, Metz, Nancy ou encore Strasbourg.

La super région Centre-Poitou-Charentes-Limousin qui était annoncée et qui ne répondait à aucune cohérence si ce n’est la volonté de quelque barons locaux pourrait être abandonnée, mais au prix d’une nouvelle super région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, toutefois plus cohérente, laissant la région Centre seule, ainsi que les Pays de la Loire et la Bretagne.

Les contestations

Cette nouvelle découpe heurte un certain nombre d’élu locaux et notamment socialistes pour différentes raisons. Martine Aubry, bien implantée dans le Nord-Pas-de-Calais s’insurge contre la fusion de deux régions en difficultés financières. Ce serait pour elle une « aberration économique et sociale ». L’opposition à cette fusion vient surtout du Nord-Pas-de-Calais. Certains élus du Nord ont assumé le fond de leur réticence, déclarant craindre de voir une région Nord-Pas-de-Calais-Picardie tomber entre les mains du Front national aux élections de 2015, argument peu recevable pour une réforme de fond. Les élus picards semblent attachés à cette fusion.

Le rattachement du Poitou-Charentes à l’Aquitaine semble réjouir les habitants de la première région, Dominique Bussereau, président UMP du conseil général de Charente-Maritime se réjouissant « de la nouvelle carte proposée par nos collègues PS ». Toutefois Ségolène Royal ne se réjouit pas de cette « absorption » qu’elle avait combattue, obtenant gain de cause auprès du chef de l’Etat dans la première mouture de la réforme.

Des contestations se font encore entendre autour de la non fusion de la Bretagne avec les Pays de la Loire, fusion que combattent Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense issu de Bretagne et Jean-Jacques Urvoas président de la Commission des Lois, faisant valoir la possibilité d’alimenter la grogne des bonnets rouges.

Une région se retrouve alors isolée dans ce redécoupage alors qu’elle ne le souhaitait pas, la région Centre. Sa situation pourrait encore être étudiée avec une fusion avec les Pays de la Loire ou l’Ile-de-France, même si aucune des décisions ne semble satisfaisante. Lorsque l’on sait que les Conseils généraux devraient disparaitre, on peut s’interroger sur le maintien obligatoire de tous les départements dans leurs anciennes régions à l’heure des fusions. La solution pourrait être la création d’un Val de Loire entre une partie du Centre et des Pays de la Loire et du rattachement de certains départements tels que la Loire-Atlantique à la Bretagne.

Si cette version de la réforme est plus cohérente que la précédente, elle reste bâclée et faite beaucoup trop rapidement sans larges concertations. Roger-Gérard Schwartzenberg, chef de file des députés radicaux de gauche, a lui-même dénoncé une carte « bâclée » qui va « favoriser ou défavoriser tel dirigeant socialiste ». « Si le texte reste en l’état actuel, comment le voter ? On ne peut pas voter des absurdités. Les révolutionnaires en 1789-90 avaient consulté pendant six mois pour faire la carte des départements, qui a tenu le coup. Là il n’y a pas eu de consultation, de concertation, c’est le grand n’importe quoi ».

France Renaissance

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