INTRODUCTION

La révolution numérique a été le bouleversement le plus spectaculaire du 21ème siècle. En à peine dix ans elle a révolutionné nos modes de vie. Dans les années à venir nous allons faire face à une ergonomisation de tout ce qui nous entoure – simplifier, transformer, optimiser – ces mots sont devenus le leitmotiv de toutes les grandes puissances numériques.

Face à la montée en puissance de ces nouveaux outils, la France peine à se démarquer. Pourtant en possession de nombreux atouts, elle n’a pas encore trouvé le moyen d’accompagner ces transformations numériques de façon à les incorporer dans la sphère politique, qui est un des enjeux principaux du numérique.

 

LE FUTUR DU NUMÉRIQUE

Aujourd’hui, le développement de la filière industrielle doit répondre à un besoin paradoxal de la population. Il doit satisfaire le besoin d’individualisation croissant qui doit en même temps assurer le besoin de fédérer une communauté (organiser une conférence à l’autre bout du monde, envoyer de l’aide humanitaire dans les coins les plus reculés de l’hémisphère).

 

Les individus attendent du numérique, qu’il réponde à une personnalisation de l’offre de service. C’est à partir de là que la cloison existante entre l’industrie et le service s’effondre. Pour l’appréhender, il faut accompagner les entreprises dans « la transformation de leur modèle d’affaire ». Ainsi, le monde numérique instaure la confiance (e-réputation), tel que le confère une entreprise physique.

La transition écologique via le numérique voit apparaître toutes sortes de nouvelles structures de production éclatées, c’est-à-dire « délocalisées ». Par exemple l’imprimante 3D que tout un chacun peut avoir chez soi ou l’accès à des plateformes de recherche de travail en ligne. Ce sont de nouvelles structures de productions localisées directement chez les consommateurs, qui créent un lien entre les entreprises et les compétences extérieures. Ces nouvelles organisations répondent aux nouvelles normes de personnalisation en proposant des biens et des services. Cependant elles concurrencent et déstabilisent les industries traditionnelles qui doivent impérativement s’adapter pour survivre. Pourtant, les exemples d’entreprises comme Uber ou Airbnb, assouplissent des secteurs d’activités qui freinent l’innovation, en proposant un nouveau modèle salarial plus indépendant.

Selon les économistes Julia Charrié et Lionel Janin « le développement des intelligences artificielles vient à étendre le champ des tâches automatisées ». L’apparition de voitures automatiques dépendra de l’utilisation des ‘datas’, comme l’état de la circulation ou la géolocalisation.

Pour l’heure, nos données personnelles sont entre les mains des entreprises. Dans un futur proche, ces données pourraient bien être contrôlées par les internautes eux même du fait de l’évolution actuelle de la réglementation intégrant le respect de la vie privée.

Selon eux, il faut prendre ces données comme « levier d’action», ce qui permettra l’instauration de nouveaux liens avec les institutions d’une part, et la transformation du rôle de ces dernières d’autre part.

C’est le début de « la démocratie numérique » prouvée par les nombreuses pétitions et les appels à manifester via les réseaux sociaux.

Prendre en compte la dimension de sécurisation des données privées pour que ce tournant numérique s’opère reste cependant essentiel.

 

LE VIRAGE NUMÉRIQUE DE LA FRANCE

 

L’intégration du numérique, tant dans l’environnement privé que dans l’environnement professionnel, est encore perçu comme une contrainte en France. Le monde travail est marqué par un sentiment d’exposition du salarié à l’outil numérique, alors que d’après les économistes, cette intégration permettrait un accroissement significatif de la productivité.

 

« La France est un pays consommateur de numérique et non producteur » Ces mots ont retentis aux oreilles de la Nation comme un défi à relever.

La France fait partie des nations les plus représentées lors du Consumer Electronics Show, le salon du numérique à Las Vegas en 2016 : preuve de son efficacité sur les objets connectés.

Ce sont en réalité les entreprises françaises qui pêchent, en accusant un fort retard dans le domaine numérique. Ce retard est dû à un manque d’investissement dans les TIC (spécialistes des Techniques de l’Information et de la Communication) mais également à causes des nombreux des cadres réglementaires dans l’Union Européenne. Ces freins sont une difficulté supplémentaire pour les jeunes ‘start-up’ innovantes, qui sont la clé du regain de la compétitivité française.

D’ici 2022, 20 milliards d’euros d’investissement ont été prévus, pour améliorer le réseau haut-débit sur tout le territoire ainsi que le développement de la 5G, alors que la 4G n’est pas encore accessible pour tous. Les dirigeants veulent aller au plus vite pour rattraper le retard, sans prendre le temps de s’occuper des carences numériques actuelles. Malgré une volonté d’ouvrir les données publiques, le gouvernement institut Etalab (plateformes des données publiques) sans pour autant être totalement transparent sur les cadastres ou les données géographiques.

Les économistesJulia Charrié et Lionel Janinnotent un effort de la part des administrations, qui proposent des formulaires en ligne (fiches d’impositions, prises de contact). Cependant, les trop nombreux échecs – du Dossier Médical Partagé, du Compte Professionnel de Formation ou du logiciel de paie de l’armée, montrent que les administrations ont encore les difficultés à redéfinir leurs règles de fonctionnement et prouvent que la rigidité est un frein à l’innovation.

 

LE DÉBAT DE LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ENGAGÉ

 

Doit-on laisser la transformation numérique être dominée par les grandes entreprises américaines qui imposent leurs règles ? Ou nos politiques feront-ils les choix essentiels pour permettre une ouverture intelligente au numérique en maintenant un équilibre économique et social ?

Pour cela, les données privées et publiques ainsi que les algorithmes assurant les traitements automatisés nécessitent d’être sécurisés, afin de mettre en confiance les français face à la collecte de données à des fins, ou non, industrielles et commerciales.

En effet, l’économie numérique participe à la mutation de l’emploi et est en constante demande d’investissement, qu’il s’agisse des infrastructures ou de la formation des actifs.

 

Le numérique peut contribuer à l’exercice de progrès considérables dans le domaine de l’aménagement rural et urbain ; il peut aussi contribuer au développement durable ou au domaine de la santé, grâce notamment aux objets connectés. Il s’agit aujourd’hui de « passer de la médecine curative à la médecine préventive ». Le sujet reste évidemment sensible car il est important de ne pas basculer dans une politique de progrès excessif menant à la politique de transhumanisme tel qu’il est abordé aux Etats-Unis.

 

Nb. Cette note propose une synthèse sur le ton neutre de la lettre d’information n°26, Fiscalité du numérique, France Stratégie.

aloysia biessy