Des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015, ont émergé 1910 conseillers régionaux et territoriaux. Le taux de participation y a progressé depuis le scrutin de 2010, passant de 46,33% à 49% au premier tour et de 51,24% à 58,53% au second.

Alors que nombre de candidats au premier tour de ces élections favorise la représentation de toutes les catégories de la population, le scrutin à deux tours opère une forme de tamisage qui retient un échantillon final, lequel a vu ses composantes socioprofessionnelles évoluer. En effet, il est constaté une modification plus ou moins marquée de ces caractéristiques entre l’ensemble des candidatures déposées, les candidats admis au second tour et ceux qui sont élus.

Cette évolution est visible dès le passage au second tour mais ne préfigure pas en soi les résultats finaux.

 

Des composantes socioprofessionnelles qui se redessinent lors du scrutin

Chercheur au CNRS, Luc Rouban parle de « concentration progressive » lorsqu’il s’agit de qualifier ce phénomène. En effet, la réduction du nombre de candidats après le premier tour ne s’accompagne pas d’une réduction du nombre de catégories représentées. Il en est de même après le second tour. Cependant, on note une nette progression des candidats issus des catégories socioprofessionnelles supérieures qui passent plus aisément la barre du premier tour.

Ainsi, alors que les petits indépendants passent de 7% à 9% des candidats lors du deuxième tour, les indépendants supérieurs passent de 12% à 16%. Les cadres du privé représentent 9,3% des candidats avant le premier tour, 12% après. Pour les cadres du public, le chiffre passe de 17% à 19,7%. A l’inverse, les petits salariés du privé qui sont les plus présents parmi les candidats avant le premier tour avec 17,2% n’en représentent plus que 17% avant le second tour. Les ouvriers sont particulièrement mal lotis. En effet, de 3,1% des candidats avant le premier tour, ils ne représentent plus que 0,7% des élus. Pour les petits salariés du public, la chute est de 4 points pour un chiffre de 12% des candidats lors du second tour. Parents au foyer et étudiants représentent 7,7% des candidats du second tour alors qu’ils étaient à 9,4% avant.

Cette évolution se retrouve dans toutes les formations politiques de manière plus ou moins visible. La tendance principale est une forte diminution de la proportion de petits salariés au second tour et une forte poussée de la part des cadres du public.

 

Le renouvellement des élus

Si une partie des conseillers régionaux sortants est réélue en décembre 2015, il y a tout de même un renouvellement. Tout d’abord la moyenne d’âge baisse, passant de 50 ans à 49,5 ans. Ce chiffre est dû en partie au Front National, qui sort de ces élections avec 358 conseillers régionaux. En effet, 21% d’entre eux ont moins de 34 ans. A titre de comparaison, ils ne sont que 8% parmi les conseillers Les Républicains. Ensuite, la proportion des salariés du secteur public a tendance à baisser par rapport à 2010, à l’exception du Front National et du Front de Gauche où elle se maintient. Ils sont d’ailleurs plus nombreux dans les formations de gauche.

A l’inverse, les personnes sans professions tels que les parents au foyer ou les étudiants, sont mieux représentées que pendant l’exercice précédent et progressent de 1,5% des élus en 2010 à 5,5%. Le cumul des mandats est présent chez plus d’élus. Il s’agit de l’évolution la plus notable par rapport aux élections de 2010.

On constate des disparités selon les régions en termes de représentation socioprofessionnelles. Ainsi, 67% des élus de Martinique viennent du secteur public pour 28% en PACA et 8% des élus de Guyane sont du secteur privé contre 32% en Bourgogne. Les écarts peuvent être importants entre les régions.

La principale évolution entre 2010 et 2015 est la baisse de la gauche dans les conseils régionaux et la montée du Front National. La représentation des catégories socioprofessionnelles ne se trouve pas bouleversée entre ces deux années mais évolue lors des deux tours des élections.

NB : Cette note synthétise la note de recherche de Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS, sur les conseillers régionaux élus en décembre 2015. Elle a été écrite pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po.

 

 

 

 

 

aloysia biessy