Le récent assouplissement quantitatif (quantitative easing) adopté par la Banque centrale européenne (BCE) est présenté comme la solution ultime à tous nos maux. L’enthousiasme a gagné les marchés financiers. Cependant tous les espoirs nés de cette décision risquent d‘être, une fois de plus, anéantis. Cette solution se révèlera rapidement inefficace mais également dangereuse pour les marchés financiers.

Il faut d’abord définir ce qu’est ce soit disant remède pour comprendre l’ampleur de son inefficacité

 

Le quantitative easing ou le chant du cygne :

Le procédé est relativement simple, il consistera pour la Banque centrale européenne à acheter des titres de créance sur le marché secondaire ou marché de « l’occasion ».

La BCE crée une nouvelle ligne de compte et lui attribue un montant, en l’occurrence 60 milliards d’euros par mois. Avec ces 60 milliards d’euros elle rachètera des créances publiques (des États de la zone euro) auprès des investisseurs institutionnels.

Ce rachat aura certaines nuances avec notamment une proportionnalité dans le rachat en fonction du poids de chaque pays dans la zone euro. De plus la Banque centrale ne pourra pas dépasser le montant des 20% pour chaque pays, (inefficace donc pour la Grèce) et partage du risque, 80% pour la banque nationale et 20% pour la BCE.

Cela va donc permettre d’augmenter la liquidité sur les marchés financiers. Comprenez, 60 milliards d’euro chaque mois vont pousser les investisseurs en dehors de leur titre habituel. Ils disposeront donc de plus de liquidité.

Pour Mario Draghi, cette augmentation de liquidité va permettre aux banques de prêter plus à l’économie ce qui signifie ; plus de crédit, plus de consommation et de croissance !

 

Une solution problématique et dangereuse :

Cette solution semble être une bonne idée car cela va relancer le crédit, mais elle est inappropriée car le manque de crédit qui sévit actuellement au sein de la zone n’est pas dû à un manque de liquidité.

La BCE répond avec son assouplissement quantitatif à une mauvaise question.

De plus, il faut rajouter que l’Europe est considérablement moins dépendante du crédit que les États-Unis, donc l’impact en sera encore plus réduit.

Les banques n’ont pas de problème de liquidité et l’argent apporté par la BCE sera donc investi, non pas dans l’économie réelle, mais sur les marchés financiers.

La conséquence sera donc une déconnexion totale du marché financier, censé être efficient, de l’économie réelle. Ainsi il y aura une inflation des actifs financiers, notamment des actions. Une bulle se formera si ce n’est déjà fait avec les autres assouplissements quantitatifs de la planète.

L’effet richesse découlera de l’inflation des actifs financiers, redonnant confiance aux détenteurs de ces actifs.

Sauf que, tout comme le crédit, les détenteurs d’actifs financiers sont beaucoup moins nombreux en Europe et sont concentrés parmi les catégories socio-professionnelles supérieures. L’effet richesse sera donc limité à une minorité de la population et d’institutions.

L’euro va être chahuté pendant cette période, l’afflux massif de liquidité va contribuer à sa dépréciation. D’ailleurs cette dépréciation est déjà anticipée par les marchés. C’est du fait de cette nouvelle politique monétaire que le directeur de la Banque Nationale Suisse a détaché le franc suisse de l’euro, de crainte que l’euro après avoir observé les cieux ne tombe dans les tréfonds.

Mais hormis cette dépréciation il est intéressant d’observer le voyage dans le passé qui vient d’être fait. La fin de la mutualisation des dettes est actée avec le partage du risque entre la Banque centrale nationale 80% et la Banque centrale européenne 20%.

 

 

Ainsi, la Banque centrale répond à une question, qui n’est plus posée, celle des liquidités. On peut amener un âne à une rivière mais on ne pourra pas le forcer à boire.

Nous sommes en train d’observer le chant du cygne de la Banque centrale européenne et d’une monnaie qui n’a de commune que le nom.

 

 

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