Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur, 376 « Français de papiers » dont 10 mineurs sont actuellement en Syrie et en Irak pour le djihad, et plus de 1100 (1132) seraient impliqués (désireux de partir, déjà sur place ou revenus).En France, une mère a décidé d’attaquer l’État après le départ de son fils de 16 ans en Syrie. Ce cas qui n’est sûrement pas isolé est révélateur de problèmes et de défaillances graves.Un adolescent de 16 ans a pu se rentre en avion en Turquie en décembre 2013 avec sa seule Carte Nationale d’Identité (CNI) afin de gagner le front syrien pour «faire de l’humanitaire» selon ses dires.La mère tient l’Etat pour responsable du départ de son fils et l’attaque.

Une défaillance du rôle parental non remis en cause :

Exemple révélateur de l’époque dans laquelle nous vivons, le besoin de trouver un responsable autre que soi-même se fait aussitôt ressentir. Ici la mère du mineur parti en Syrie attaque l’Etat, certes à juste titre sur certains points, sans jamais se remettre en cause.

La mère en effet ne remet en cause son rôle en tant que parent. Elle affirme n’avoir pas vu venir la radicalisation de son fils. Si l’on connait désormais la grande maitrise d’embrigadement et de recrutement islamiste, ce cas comme de nombreux autres révèle une défaillance de notre société. Les parents ont perdu leur rôle d’éducation et d’attention auprès de leurs enfants. A force d’expliquer que l’éducation de la jeunesse est le rôle de l’école, celui de la cellule familiale s’est estompé. Cela a conduit à de tels cas de radicalisation d’un enfant dans l’indifférence totale de parents absents ou non attentifs à leur progéniture.

Cet exemple est également révélateur d’une société où plus personne n’est responsable de ses actes mais où un coupable doit à tout prix être trouvé. Toutefois dans ce cas si la responsabilité des parents est réelle, celle de l’Etat pose aussi question.

Un Etat défaillant :

Tout un système a été défaillant.

Une circulaire du 20 novembre 2012[1] a supprimé l’obligation d’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs au 1er janvier 2013. En effet, auparavant pour circuler en Union européenne ou hors Union européenne un mineur sans passeport et non-accompagné par la personne investie de l’autorité parentale devait être muni d’une autorisation de sortie de territoire réclamée par ses parents. La circulaire supprime cette obligation.

Dorénavant un mineur peut voyager partout avec un passeport, et circuler librement avec sa Carte nationale d’identité (CNI) en Union européenne et quelques autres pays[2] (espace Schengen + Turquie).

En l’occurrence, la loi autorise un mineur non accompagné à se rendre en Turquie avec une simple CNI valide. La Turquie ne faisant pas partie de l’espace Schengen mais candidate à l’adhésion à l’Union européenne depuis 1987 a en effet développé des liens avec le vieux continent. Son économie reposant grandement sur le tourisme, elle favorise les entrées sur son territoire. Pour lutter contre le départ de jeunes Français en Turquie pour faire le djihad, il faut impérativement remettre immédiatement en cause ce partenariat.

La mère de cet adolescent considère que vu l’actualité, autoriser le départ de mineurs seuls en «Turquie, réputée pour être un point de passage vers la Syrie (…) est aberrant». La Place Beauvau rétorque avec force « le droit à la libre-circulation » faute de signalement de la mère (qui n’avait pas vu la radicalisation venir). Les réactions sont toutes deux compréhensible, le ministère de l’Intérieur ne pouvant interdire la circulation d’un mineur s’il n’a pas préalablement été signalé aux services.

Il y a donc clairement :

–          une faille de la législation en la matière qui prévoit une interdiction de sortie du territoire (IST) et une opposition à la sortie du territoire (OST) demandée par les parents qui sentiraient une radicalisation de leur enfant. Mais si les parents ne voient pas venir cette radicalisation, la législation mise en place par le gouvernement Hollande est défaillante. La suppression du formulaire d’«autorisation de sortie du territoire» pour les mineurs doit être remise en cause, particulièrement dans ce contexte de djihadisme international. La libre circulation entre l’Union européenne et la Turquie doit être remise en cause pour des raisons de sécurité.

–          une faille du système de renseignement et de sécurité. Mohammed Merah alors qu’il était majeur et était recensé comme potentiellement dangereux avait profité des failles des services aux frontières pour partir et surtout revenir sans être inquiété en terre à risques.

Tout comme Mohammed Merah, cet adolescent a pu partir sans être inquiété. Ceci est particulièrement inquiétant quand on sait ce que peut être amené à commettre  un jeune parti là-bas. S’il a pu partir sans problème, il semble que certains reviennent également sans être inquiétés alors qu’ils sont des dangers plus que potentiels. On sait que la radicalisation se fait de plus en plus par internet pour les plus jeunes. Elle est donc difficilement contrôlable. Alors que de plus en plus de résidants en France partent faire le djihad aux portes de l’Europe, il est nécessaire de durcir les conditions de sortie de l’Europe, particulièrement pour les mineurs.

[1] Circulaire N° INTD1237286C par le ministre de l’éducation nationale, le garde des sceaux et le ministre de l’intérieur.

[2] La circulaire précise qu’il s’agit de l’Islande, la Norvège, la Suisse, le Lichtenstein, Monaco, Andorre, Saint-Marin et le Saint-Siège + candidatures potentielles à l’UE (Serbie, Bosnie, Monténégro, Albanie, Turquie, Macédoine).

Rédacteur Web