Cette campagne pour les élections départementales tourne à la chasse au Front National. Le gouvernement, Manuel Valls en tête, ne manque jamais une occasion de rappeler pourquoi les sondages plaçant le parti de Marine Le Pen à plus de 30% d’intentions de vote donnerait une mauvaise image de la France. Sa dernière saillie à l’Assemblée nationale le 10 mars, en réponse au député du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, prouve s’il en était besoin que les préoccupations des Français passent loin derrière les priorités de l’exécutif.

Pourtant, les sujets ne manquent pas pour élever le niveau et faire honneur au débat politique. Mais non. Les partis, de gauche comme ceux de l’opposition, restent focalisés sur le danger que représenterait l’éventuel arrivée au pouvoir du Front National, sans pour autant pratiquer une quelconque autocritique.

 

Une diabolisation désormais inefficace :

Les différents partis font feu de tout bois pour endiguer la montée irrépressible du Front National dans les sondages. Manuel Valls a ainsi réaffirmé que sa priorité absolue était la montée de la droite nationale dans l’opinion française. « Mon angoisse, c’est le FN à 30%, pas au deuxième tour, mais au premier tour des élections départementales. Un FN à 30% c’est d’une extrême gravité. Mon angoisse, c’est un FN à 30% au premier tour, parce que son programme est un désastre pour le pays ». Le premier ministre revendique même le droit de stigmatiser Marine Le Pen. Et d’en appeler à l’esprit du 11 janvier, pour se mobiliser.

La presse n’est pas en reste non plus. Ainsi, récemment accusé par Jean-Luc Mélenchon d’avoir trop donné la parole au FN et d’en avoir trop parlé, Jean-Jacques Bourdin avoue que le temps passé l’a été pour une grande partie à chercher à dénigrer le Front National.

Pourtant, les Français ne sont pas dupes. Dernière preuve de cette inefficacité, l’échec de Nicolas Sarkozy d’imposer sa formule de « FNPS » comme élément de langage. Selon un sondage Odoxa, 64 % des personnes interrogées ont précisé n’avoir pas compris la formule du président de l’UMP. Les critiques fusent même de l’intérieur de l’appareil politique. François Fillon juge la formule réductrice. Bernard Debré la trouve carrément ridicule. Laurent Wauquiez, secrétaire général, fait preuve d’une grande sévérité à l’encontre de l’ancien président : « Hollande est hors course, mais Marine Le Pen peut gagner. Franchement, cela n’a plus rien à voir avec le Sarko de 2012. Il n’a plus la queue d’une idée. »

 

Un changement de tactique s’impose :

Si les dirigeants politiques de tous bords veulent retrouver du crédit aux yeux des Français, ils doivent montrer qu’ils ne sont pas seulement préoccupés par leur réélection. D’après un sondage Ipsos paru en janvier 2014, seuls 8% des Français déclarent avoir confiance dans les partis politiques. 92% déclarent ne pas leur faire confiance, un Français sur deux (51%) disant même ne pas faire confiance du tout aux partis politiques. Persister dans la voie de la politique politicienne est donc contre-productif, et il ne faut pas s’étonner après des taux record d’abstention élections après élections.

Nous ne le rappellerons jamais assez à l’Institut France Renaissance, le dirigeant politique doit être consacré tout entier au service du bien commun. Il ne doit pas chercher à éduquer les Français, en faisant de la pédagogie sur des réformes incompréhensibles ou non désirées, mais se tourner vers le Bien, le Beau et le Vrai (Platon).

Compétence des départements : amateurisme gouvernemental

Alors que nous sommes à 13 jours des élections, les candidats viennent seulement d’apprendre les compétences du futur Conseil départemental, qui remplacera le Conseil général. La loi NOTRE sur la nouvelle répartition des collectivités locales a (enfin) été votée par les députés. Même si le texte n’a passé que la première étape du processus législatif, le flou se dissipe un peu.

Les députés ont décidé d’enlever la clause de compétence générale aux départements, qui leur permettait d’intervenir au-delà de leurs compétences obligatoires. Les Conseils départementaux gardent la gestion des collèges, ainsi que des routes et tout le volet social.

Les transports scolaires et le développement économique reviennent à la région, en plus de leurs compétences actuelles (formation, apprentissage, lycées, transports…).

La loi NOTRE dicte aussi l’avenir des intercommunalités. Les députés ont relevé le seuil minimum de 5 000 à 20 000 habitants, avec quelques exceptions possibles. Ainsi, au 1er janvier 2016, de nombreuses fusions de communautés de communes devront avoir eu lieu dans les départements, avec le risque d’avoir des structures plus grandes que les nouveaux cantons.

Enfin, la loi a également prévu d’augmenter les compétences de ces nouvelles communautés de communes et communautés d’agglomération. A commencer par le transfert de l’eau et de l’assainissement d’ici la fin 2017.

 

Mais voilà, dans la mesure où les compétences des départements viennent seulement d’être connues, on ne peut décemment pas reprocher à un quelconque parti de faire campagne en attendant sur des enjeux nationaux. Et les sujets ne manquent pas : des millions de chômeurs, 9 millions de travailleurs pauvres, une insécurité galopante, un laxisme et une immigration endémique, une agriculture menacée par le Traité transatlantique, la bureaucratie bruxelloise, la hausse des prix et la crise économique imputée (à tort ou à raison) à l’euro… Les Français attendent des réponses, et surtout des résultats, quant à ces problèmes évoqués, dont la liste n’est malheureusement pas exhaustive. Tant que les dirigeants politiques ne s’en empareront pas à bras le corps, le Front National continuera sa progression dans les sondages.

 

 

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