La FINUL (Force Intérimaire des Nations Unies au Liban) est constituée le 19 mars 1978 sur décision du Conseil de Sécurité de l’ONU suite à l’invasion du Sud-Liban par Israël le 15 mars 1978. Cette invasion s’inscrit dans les troubles liés à la guerre civile libanaise qui dure depuis trois ans et notamment la recrudescence d’actes violents commis par des groupes armés libanais à la frontière israélienne. La mission de la FINUL, composée de divers contingents étrangers dont français, est de s’interposer entre les différents acteurs de ce conflit afin de maintenir la paix dans cette région tourmentée et de protéger les populations civiles. En 1982, le président français François Mitterrand décide de faire appel au contingent sur la base du volontariat afin de relever certaines troupes professionnelles françaises au sein de la FINUL. Ces appelés volontaires, qui subiront de nombreuses actions de feu lors des années suivantes, ne devraient-ils pas se voir attribuer la Croix du combattant volontaire, ou tout au moins correspondre aux critères d’éligibilité de cette décoration française ?

 

        I.            La Croix du combattant volontaire, définition et conditions d’obtention.

La Croix du combattant volontaire (CCV) est une décoration qui récompense les civils ayant spontanément choisi de servir dans une unité combattante depuis la guerre de 39-45. Son attribution correspond donc à des critères très stricts :

  • S’être porté volontaire dans le cadre de la réserve ou du service militaire pour participer à des missions extérieures.
  • Détenir la carte du combattant, qui reconnaît l’exposition au feu et la médaille commémorative de la mission considérée.
  • Avoir appartenu à une unité combattante.

Une unité est reconnue combattante sur arrêté du Ministère de la Défense, arrêté fondé sur certains critères définis par le Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, et c’est cette définition qui constitue l’obstacle principal, aujourd’hui, à l’attribution de la CCV aux anciens volontaires français de la FINUL.

Ajoutons enfin que cette décoration prestigieuse n’est finalement attribuée qu’après examen des dossiers individuellement constitués par les « candidats », les critères ci-dessus n’étant que les conditions nécessaires mais non systématiquement suffisantes.

      II.            Quelles sont les raisons pour lesquelles la CCV n’a été attribuée à aucun ancien appelé du contingent volontaire au sein de la FINUL ?

L’examen des trois critères d’éligibilité appliqué aux anciens volontaires du contingent français de la FINUL montre que la condition du volontariat est reconnue sans aucun doute puisqu’il s’agissait d’une volonté politique de l’époque (François Mitterrand décida de ne faire appel qu’aux volontaires). De plus, la carte du combattant a été attribuée courant 2015 a l’ensemble de ceux qui en ont fait la demande, et la médaille commémorative, plus facile d’accès, est déjà depuis longtemps en la possession des anciens volontaires (agrafe « Liban »).

C’est donc l’appartenance à une unité combattante qui fait aujourd’hui défaut pour l’ensemble des anciens volontaires : en effet, le 420ème Détachement de Soutien Logistique (DSL), qui comptait l’ensemble des appelés du contingent au sein de la FINUL, n’a pas été déclaré combattant par le Ministère de la Défense pendant la période de présence du contingent. Il est donc actuellement impossible, pour les membres du contingent au sein de la FINUL, de déposer un dossier d’attribution de la CCV…

 

    III.            Quelques propositions simples afin de reconnaître aux volontaires de la FINUL la qualité d’ancien combattant volontaire.

L’examen des différentes archives de l’ONU concernant les actions combattantes de la FINUL et la compilation de ceux-ci par un ancien volontaire (François Pinos, mai 2014, rapport joint à la présente note) démontre la réalité des combats pour l’ensembles des unités constituant la FINUL et notamment pour le 420ème DSL durant la période de présence du contingent. Le nombre de morts et blessés (282 soldats tués) atteste de plus de la violence des conditions d’engagement des militaires de la FINUL. La légitimité de l’attribution de cette décoration est donc évidente, et il existe deux solutions simples, chacune étant suffisante, afin de la rendre possible :

 

  1. Modifier les arrêtés de 1998 et 2000 (Ministère de la Défense) fixant la liste et la période des unités combattantes au sein de la FINUL afin de reconnaître cette qualification au 420ème DSL durant toute la durée de sa présence au Liban.
  2. Modifier le décret n°2007-741 instituant les règles d’attribution de la CCV afin de supprimer la condition d’appartenance à une unité combattante, la carte du combattant étant déjà une reconnaissance suffisante de l’exposition au feu.

 

Si la deuxième solution est préférable à la première puisque les nouvelles règles s’appliqueront à l’ensemble des missions extérieures de l’armée française et surtout en raison de la clarification induite (la carte du combattant devient l’unique condition, nécessaire et suffisante, de la reconnaissance de la réalité des combats endurés), la première solution est également défendable :

  • Pour la plus grande simplicité administrative
  • Pour la reconnaissance de la vérité historique.

En effet, la reconnaissance des unités combattantes intervient sur arrêté du Ministère de la Défense après études et avis du Service Historique de la Défense (SHD). Il apparaît aujourd’hui qu’un nombre très important d’actions de feu a été « oublié » par ce service dans l’étude de la qualification du 420ème DSL, et que l’impasse a notamment été faite sur la majorité des actions pour lesquelles l’assaillant des forces d’interposition était soit l’une des milices pro-israéliennes (et notamment la milice très virulents du commandant HADDAD) soit l’armée israélienne elle-même. L’étude objective des archives de l’ONU et leur comparaison avec les archives du SHD démontre donc l’existence d’une volonté de dissimuler quasiment toutes les attaques contre les forces de la paix provoquées par Israël et ses satellites (cette recension exhaustive a été effectuée et est jointe en annexe, rapport de François Pinos)…

Le SHD étant une source d’information de premier ordre pour de nombreux médias et historiens, il est très regrettable de constater que ce dernier se livre à une telle censure pour des raisons, sans doute politiques, qui dépassent largement ses attributions. Et les victimes collatérales sont nos anciens appelés du contingent volontaires au sein de la FINUL qui, après avoir enduré l’un des pires conflits de la fin de XXème siècle, se voient refuser les honneurs de la Nation.

 

 

Source  : Rapport pour la reconnaissance du statut d’ancien combattant aux anciens casques bleus de la FINUL par François PINOS avec la collaboration de Diego AGUERO, tous deux anciens casques bleus de la Compagnie d’Appui du 420e DSL (mai 2014)

aloysia biessy