La France associative en mouvements est une étude nationale réalisée chaque année, depuis 2002, par l’association « Recherches & Solidarités ». Elle s’adresse aux acteurs de la vie associative, mais surtout aux décideurs de ce domaine.

L’Institut Renaissance s’intéresse à ce rapport, dans le cadre de la commission d’enquête chargée d’étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, qui a vu le jour le 29 mai 2014, suite à la proposition de résolution de M. Alain Bocquet.

L’année 2014 porte le monde associatif comme grande cause nationale. Cette étude a donc cherché à montrer combien l’une des grandes inquiétudes des dirigeants associatifs est celle de la relation avec les pouvoirs publics. Malgré cela, nous connaissons un grand développement de créations d’associations, impliquant une évolution positive de l’emploi dans ce domaine, bien que trop souvent méconnue.

Le 1er chapitre fait un bilan des créations d’associations. Le 2ème concerne l’emploi et le 3ème l’avis des responsables associatifs.

Les associations en chiffres

Sans informations complètes sur la part des associations cessant leur activité, le nombre d’associations actives est estimé à environ 1,3 millions.

Depuis une vingtaine d’années, la moyenne annuelle de création d’associations connait des vagues successives de hausse et de retrait, avec une moyenne inférieure à 65 000 créations par an. Entre 2004 et 2009, nous avons connu une forte progression avec plus de 70 000 créations ; puis une baisse entre 2009 et 2012 ; pour finalement entrer de nouveau dans une expansion jusqu’à aujourd’hui. En 2013-2014 nous avons franchi de nouveau la barre des 70 000. Malgré un risque de concurrence entre ces différentes associations, nous pouvons nous réjouir d’un élan de solidarité, conforté par le nombre de bénévoles engagés, en hausse entre 2010 et 2013.

Les 2 premiers secteurs restent la culture et le sport, avec respectivement 22,9 et 15,3% de la répartition des inscriptions au Journal officiel au cours des 4 dernières années.

De façon générale, le rapport observe une augmentation globale, sur ces 2 dernières années, de 8,4% en cumul. Cependant, certains domaines, apparaissant comme moins prioritaires, sont en baisse. C’est le cas de la culture, de l’action humanitaire (principalement à l’étranger), de la santé, de l’éducation et de l’environnement. Les secteurs en hausse touchent plutôt au temps libre, aux loisirs et au bien-être, qui sont créatrices de liens sociaux dans cette période de « repli sur soi » de notre société. Il s’agit des secteurs des clubs de loisirs, de l’action socioculturelle, des interventions sociales, de l’aide à l’emploi et de l’activité politique.

Concernant ce dernier secteur, le rapport indique qu’il y a eu 700 inscriptions de plus cette année qu’en 2012-2013. Ceci s’explique par le lien avec le calendrier électoral et en particulier les élections municipales. Ils observent ainsi depuis plusieurs années une augmentation des inscriptions l’année de l’élection, une baisse l’année suivante, une stagnation au cours du mandat et enfin une nouvelle hausse l’année précédant une nouvelle élection.

L’emploi dans les associations

L’étude présentée dans le chapitre a été réalisée avec l’ACOSS (’Agence centrale des organismes de sécurité sociale) et l’URSSAF, dans le cadre d’un partenariat passé depuis 7 ans.

En 2013, la masse salariale en K€ est de 36 933 922, soit une hausse de 1,9 % par rapport à 2012, avec environ 1 812 735 salariés (+0,2 %) et 164 590 établissements employeurs (-0,3 %). « Le secteur associatif représente, à lui seul, près d’un salarié privé sur 10, soit un peu plus que le secteur de la construction ou que celui des transports. » Cet ensemble occupe donc une place importante au sein de la société française.

« Au cours de l’année 2013, et en moyenne trimestrielle, le secteur associatif a représenté 9,7 % de l’emploi privé, en moyenne nationale. Hors Ile-de-France, région atypique dans laquelle elle n’est que de 6,7 %, cette moyenne est de 10,6 % », mais varie fortement selon les régions. Les plus élevées sont en Auvergne, Basse-Normandie, Franche-Comté et Lorraine (avec plus de 11,8 %), tandis que les moins élevées (environ 9,7 %) sont en Alsace, Centre, Champagne-Ardenne, Corse, Haute-Normandie et en Ile-de-France.

De plus, alors que le nombre d’associations est le plus important dans les domaines de la culture et du sport, c’est le domaine sanitaire et social qui recrute le plus. Il représente plus de 57 % du nombre de salariés et de la masse salariale et plus de 20 % des établissements employeurs.

Comme pour l’année 2012, l’étude observe cependant une dégradation de la proportion des contrats à durée indéterminée (CDI), à l’image de l’ensemble du secteur privé. Elle est passée de 10% en 2003 à 4% en 2013 dans le secteur associatif et de 26% à 13% dans le secteur privé.

Selon différents critères (type de contrat, sexe, âge.. ;) la majorité  des employés d’associations sont en CDI (72 %), dont 73 % de femmes ; pour 20,7 % en CDD, dont 65 % de femmes. Ainsi, la proportion des salariés en CDI dans les associations est certes plus faible que pour l’ensemble du secteur privé, mais proche des trois quarts.

 Une certaine tendance s’exprime aussi avec la transformation de nombreuses associations en fondations. Ainsi le secteur sanitaire et social comporte plus de 60 % des fondations, représentant près de 70 % de leurs emplois. Il s’agit d’un phénomène à prendre en compte.

La voix des responsables associatifs

Depuis mai 2011, le collectif «  Recherches & Solidarités » a créé un baromètre permettant d’évaluer le moral des responsables associatifs sur la situation constatée de leur association, sur la situation à venir et sur les projets envisagés. Il est réalisé en mai et en décembre. Deux observations peuvent être faites depuis sa mise en place : tout d’abord les dirigeants sont toujours plus optimistes en décembre, dans la dynamique de la rentrée, qu’en mai, où nous notons une baisse de moral. Enfin, nous observons également le taux le plus bas jamais enregistré en mai 2014. Ainsi, seuls 47 % des responsables jugent leur situation financière bonne ou très bonne.

« Pour comprendre la dégradation de cet indice liée à la situation financière, plusieurs hypothèses complémentaires peuvent être évoquées : épuisement progressif des réserves, annonce de subventions 2014 en nouvelle baisse, réduction des aides municipales après le traditionnel effort préélectoral, incertitudes quant au changement d’équipes dans un grand nombre de communes… »

En revanche, « la hiérarchie des sujets d’inquiétude s’est brutalement modifiée, entre le mois de décembre 2013 et ce mois de mai 2014 ». La préoccupation principale de dirigeants associatifs est la situation financière (concernant 56% des dirigeants, soit 13 points supplémentaires à décembre 2013). L’évolution des politiques publiques passe désormais au 3ème rang de ces préoccupations (soit +12 points par rapport à décembre 2013). Enfin, la question de la reconnaissance vient assez vite, « qu’elle soit directement évoquée quant au rôle citoyen et quant à l’utilité sociale des associations (43%) ou implicite dans le souhait d’une véritable coopération avec des collectivités partenaires (42%). »

Cette année, le rapport a réalisé une étude approfondie du lien entre les associations et leurs conseils régionaux. Nous apprenons alors qu’environ 30% des associations sont en relation régulière avec ces derniers ; 27% ont des relations ponctuelles ; 30% « regrettent » de ne pas avoir encore de relations ; enfin, 13% n’y voient pas d’intérêt.

Le rapport  a alors établi un tableau de satisfaction de cette coopération, sur 10 sujets différents. Nous retiendrons en particulier celui de l’aide financière avec 36% de satisfaction, 23% d’insatisfaction et 6% sans attente particulière ; l’aide à la communication avec 22% de satisfaction, 22% d’insatisfaction et 17% sans attente ; l’aide à la formation pour les bénévoles avec 17% de satisfaction contre19% d’insatisfaction et 25% sans intérêt ; ou encore l’aide à la recherche des bénévoles avec seulement 5% de satisfaction, 21% d’insatisfaction et 33% sans intérêt.

« Pour autant les responsables associatifs restent mobilisés, ils sont proportionnellement aussi nombreux qu’en décembre 2013 à envisager de nouveaux projets (59%). Ceci s’explique à la fois par la nature même du comportement des dirigeants d’associations (volontaires et ambitieux), et par la pression des besoins de plus en plus nombreux, au cours d’une période particulièrement difficile. »

France Renaissance

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