La tragédie de Bruxelles du samedi 24 mai 2014 a des douloureux airs de déjà-vu. L’assassin présumé a été arrêté alors qu’il promettait d’autres actions, pour « mettre la Belgique à feu et à sang ». Il est français, multirécidiviste condamné sept fois, islamiste radical et a mené un an de djihad en Syrie. Ce « nouveau » Mohammed Merah amène à se poser de graves questions sur le fonctionnement de la justice et de l’organisation pénitentiaire au moment de la réforme pénale.  Le départ en Syrie et le retour en France avant passage à l’acte d’un islamiste surveillé est très préoccupant pour la sécurité des Français et des Européens.

De la délinquance au djihad

Condamné sept fois, pour vol avec violence, conduite sans permis, refus d’obtempérer, vol aggravé en récidive et vol aggravé pour le braquage d’une supérette à Tourcoing Mohammed Nemmouche est ce que l’on appelle un récidiviste.  Tous ces actes se sont déroulés entre 2004 et 2009. Il est emprisonné de 2007 à 2012, et se serait radicalisé à ce moment, au contact d’un groupe « de détenus islamistes radicaux », se faisant remarquer par son prosélytisme extrémiste et l’appel à la prière collective en promenade et demande des textes « exclusivement religieux. » Refusant préalablement la télévision, il demande l’installation d’un poste dans sa cellule lors de « l’affaire Merah. » Placé plus d’un an à l’isolement il est alors légitimement répertorié comme islamiste.

Pourtant le 31 décembre 2012, soit 27 jours après sa libération de prison il part en Syrie mener le djihad au sein de l’Etat islamique en Irak et au Levant, groupe revendiquant notamment des exécutions de chrétiens par crucifixion. Plus préoccupant, un an après ce ne sont pas les services français mais allemands qui le détectent après un voyage retour via la Malaisie, Singapour et Bangkok, laissant présumer une organisation puissante derrière lui. Il est inscrit comme personne à surveiller par la DCRI. Entre le 20 mai 2014 et son arrestation il a disparu, loin de tout contrôle pendant deux mois.

La Justice défaillante

Si Medhi Nemmouche a versé dans le fondamentalisme en prison, sa radicalisation s’est sans doute produite en Syrie au contact des groupes djihadistes. Son attitude trop ostensible en prison a été remplacée par un retour discret en France, bien plus dangereux. Mais le fait est que le contact s’est fait en prison avec les nombreux groupes salafistes qui sont présents et que son islamisation s’est faite à ce moment.

Sans pour autant tirer de conclusions, des questions peuvent se poser. Condamné à sept reprises, Medhi Nemmouche n’a effectué que cinq années en prison, sans que cela ne le dissuade de recommencer et d’aggraver ses actes. A l’heure où la réforme pénale de Christiane Taubira souhaite introduire la contrainte pénale, visant à éviter la case prison pour les peines de moins de cinq ans d’emprisonnement, nous pouvons nous interroger sur le message de laxisme que l’institution judiciaire va répandre. Le député Georges Fenech qualifie à juste titre cette réforme de « calinothérapie » pour « candidats au djihad ».

L’organisation des prisons peut être aussi remise en question. Medhi Nemmouche n’est pas un cas à part, nombre de conversions radicales se font au sein des centres pénitentiaires en France. Il serait nécessaire d’isoler réellement les individus considérés comme dangereux dès leur entrée de prison et de s’efforcer à disparaitre les clans. Faire se côtoyer des délinquants et des individus radicaux est inacceptable. Dans ce cas-là le basculement s’est fait en prison ainsi que le recrutement et le réseau, ainsi qu’en témoigne le départ pour le djihad syrien, trois semaines  après sa libération.

Une disparition préoccupante

Trois semaines seulement après sa sortie de prison, Medhi Nemmouche a réussi à échapper à la surveillance des services français et à se rendre en Syrie. Un an plus tard, de retour et repéré grâce aux services allemands il est inscrit comme personne à surveiller par la DCRI. De nouveau, pendant deux mois et jusqu’à l’attentat et son arrestation il disparait, loin de tout contrôle.

Il est légitime de se demander comment un ex-détenu, connu pour son fondamentalisme en prison réussi à déjouer trois semaines après sa libération une présumée surveillance. Comment se fait-il qu’à son retour en France, après un an de djihad certifié en Syrie il ne soit pas inquiété et réussisse de nouveau à disparaitre, avant l’issue tragique de Bruxelles ?

Ces questions sont légitimement posées au moment du vote du projet de loi sur la réforme pénale. La contrainte pénale, destinée à vider les prisons en exerçant un contrôle extérieur des condamnés semble une folie. Comment surveiller tant de personnes en plus lorsqu’on n’arrive pas à contrôler les plus dangereux ?

France Renaissance

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