Les statistiques ethniques et religieuses sont interdites en France. Pourtant, dans un récent rapport, le député de l’Yonne, Guillaume Larrivé, est arrivé à la conclusion suivante : « environ 60 % de la population carcérale en France, c’est-à-dire 40 000 détenus (NDLR : sur 68 100), peuvent être considérés comme de culture ou de religion musulmane ; la radicalisation islamiste est aujourd’hui susceptible de concerner plusieurs centaines de détenus. » Cette statistique atteint même les 70%, voire 80%, dans des prisons proches des « banlieues », alors même que la population musulmane est estimée à 7 ou 8% de la population française.[1]

Le gouvernement socialiste en général, et le Garde des Sceaux en particulier, ne prennent pas en compte la mesure du problème, d’enjeu national, et poursuit son angélisme. En témoigne la récente réforme pénale de Christiane Taubira (Voir notre note à ce sujet : Avis général de l’Institut Renaissance au sujet de la réforme pénale).

Les mauvaises priorités du budget pénitentiaire

Le budget de l’administration pénitentiaire, bien qu’en hausse de 5,1%, se trompe de priorité. Alors qu’il manque 30 à 40 000 de places de prison, le gouvernement privilégie le maintien en liberté (via la « contrainte pénale ») de délinquants dont la place est en prison, faisant peser un risque inconsidéré envers les victimes. Pour que ces non-détenus bénéficient d’un « accompagnement socio-éducatif individualisé et soutenu », il est prévu le recrutement de 1 000 conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation en 4 ans. Alors-même que de nombreux établissements sont en sous-effectif chronique pour assurer la sécurité au sein des prisons, recourant aux heures supplémentaires.

Cette politique est dangereuse et irresponsable, aussi bien pour le personnel des établissements pénitentiaires, que pour les détenus eux-mêmes.

La radicalisation islamique : une réalité bien visible

D’autant plus, insiste le rapporteur Guillaume Larrivé, que si la liberté de pratiquer son culte en prison doit être préservé, le dévoiement du culte musulman que constitue la radicalisation islamiste est problématique et devient un risque pour la sécurité nationale. Or, comme le souligne le rapport, la détection de cette radicalisation est de plus en plus difficile, les détenus appliquant la Taqyia (permission faite aux musulmans vivant dans des pays en guerre de dissimuler leur foi et d’en violer les préceptes pour mieux la défendre face aux infidèles) :

« La radicalisation se fait de plus en plus discrète, les individus ne portent plus de « signes extérieurs » de radicalisation et leurs comportements sont de moins en moins révélateurs. Les plus dangereux ne sont plus ceux qui organisent des prières sauvages pendant les promenades ou créent des groupes de pression ; ils ne portent plus nécessairement la barbe ou la djellaba, ne tentent plus d’accéder à des œuvres littéraires salafistes. »[2]

 

Les mesures à prendre d’urgence concernant l’isolement, le renseignement, et la communication des détenus avec l’extérieur

Pour le rapporteur du dossier, la priorité consiste à prévoir le retour des islamistes partis faire le djihad en Irak et en Syrie. La Chancellerie n’a prévu pour l’instant aucune stratégie pour anticiper la situation. Sur 118 djihadistes interpelés à leur retour, seulement 53 ont été incarcérés. S’ils sont séparés des uns des autres, ils ne sont pas mis en isolement pour autant. Le « poison » de l’islamisme risque de se répandre encore plus facilement dans les prisons, dans lesquelles les terroristes sont considérés comme des héros par les autres détenus.

La lutte contre la radicalisation passe également par le renseignement. L’ensemble du personnel pénitentiaire doit être formé au repérage et à l’analyse de tout signe d’islamisation pour faire remonter l’information au plus vite dans la hiérarchie. Ce personnel doit devenir aujourd’hui un acteur à part du renseignement, et non une simple source. Pour obtenir ces informations, il est capital que les espaces de socialisation, propices au prosélytisme entre détenus, puissent être sonorisés.

Le personnel seul ne peut faire face à cette charge de renseignement et de prévention. Il doit pouvoir s’appuyer sur des imams agréés par l’administration, prêts à collaborer. Ils sont trop peu nombreux actuellement. Ces imams doivent également être mieux formés pour faire face aux discours extrémistes. Le personnel médical au contact des détenus doit être également plus coopératif, et notamment les psychiatres.

Enfin, la communication avec l’extérieur doit être revue. Les détenus ont trop facilement accès à internet (lieu de prosélytisme islamiste par excellence) via des téléphones portables circulant illégalement dans les prisons. Il faut donc permettre au personnel de pratiquer une fouille adéquate auprès des visiteurs. Par ailleurs, l’administration doit pouvoir avoir accès aux données numériques contenues dans ces téléphones, et restreindre l’accès au réseau si besoin est.

Enfin, les associations ayant accès à l’enceinte des prisons doivent être mieux contrôlées. Certaines, sous couvert de soutien spirituel, pratiquent l’« hameçonnage » des détenus, en vue d’un recrutement ultérieur.

Conclusion :

Ces mesures non exhaustives, qui peuvent apparaître comme relevant du simple bon sens, ne semblent pas aller de soi. Le gouvernement se préoccupe plus du bien-être des détenus, que de la sécurité nationale. Il est urgent de mettre en place ces mesures. Il en va de l’intérêt des Français, dont la sécurité est gravement menacée par un phénomène nié pendant trop longtemps, à savoir la radicalisation islamique dans nos prisons, et par extension, dans une frange de plus en en plus vaste de la population française.

[1] Selon M. Farhad Khosrokhavar, dans son livre L’islam dans les prisons, paru en 2004

[2] Rapport (n° 1056, XIVe législature) de M. Christophe Cavard, président, et M. Jean-Jacques Urvoas, rapporteur de la commission d’enquête sur le fonctionnement des services de renseignement français dans le suivi et la surveillance des mouvements radicaux armés, p. 44.

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